Le prix du postulat de départ le plus absurde de l'année est attribué haut la main à L'origine du monde. La faute à la pièce de théâtre dont est tiré le film mais il est évident que Laurent Lafitte en a remis une couche et a, au passage, complètement évité les pièges du théâtre filmé. Clairement, le néo-réalisateur a souhaité autant choquer que faire rire et il est allé assez loin dans la provocation et dans une vulgarité assumée qui, bizarrement, n'oblitère pas tout le reste et en particulier les qualités de rythme de ce vaudeville perché qui pratique une surenchère presque jubilatoire qui culmine dans les scènes finales où Hélène Vincent, bien maltraitée par ailleurs, arrache tout sur son passage. Du héros privé de cœur, dans les deux sens du terme, l'on saura donc tout sur sa mère, même si l'ombre d'Almodovar est quand même assez lointaine, tout du moins dans le ton et l'atmosphère scabreuse. Dans ce délire souvent embarrassant (une sensation rare dans le cinéma d'aujourd'hui et qui n'est pas nécessairement désagréable), la direction d'acteurs est essentielle. Lafitte, Viard et Macaigne ne sont pas si loin de leurs emplois habituels mais en plus déjantés et avec un jeu très sérieux et sans effets qui contraste avec la folie furieuse et scabreuse des situations. Quant à Nicole Garcia, elle est tout simplement royale dans un second rôle jubilatoire. L'origine du monde a vocation à diviser profondément, le but de Lafitte est donc largement atteint, dans un exercice de mauvais goût sardonique qui comblera tous ceux qui jugent n'a pas toujours à respecter les limites de la bienséance.