J’aime les films d’aventure, les docu-fictions, les docus animaliers, et pourtant, je n’accroche pas avec ce film de Jean-Jacques Annaud, aussi illustre soit-il. Pourtant, j’y ai mis beaucoup d’efforts et de bonnes volontés, mais, au final, quel que soit le moment de ma vie où je le visionne, je m'ennuie, avec en prime un puissant sentiment de malaise. Je m’explique...
J’avais la VHS à la maison quand j’étais enfant, et ce film sans dialogues ne m'emballait pas vraiment, j’avais même le souvenir de n’être jamais arrivé jusqu’au bout de l’histoire. En le visionnant de nouveau aujourd’hui je m’aperçois qu’en fait j’y suis parvenue, car je me rappelais très bien d'avoir déjà vu la scène finale (qui d'ailleurs, tombe comme un cheveu sur la soupe, tant elle n'a aucun rapport avec le reste). Aujourd'hui encore, ce n’était toujours pas la grande immersion.
Ce que je reproche à ce film c’est son manque d’énergie, cette histoire qui part un peu dans tous les sens, en glorifiant des connards de chasseurs en récréation... Bref, en réalité, j'ai du mal avec le contexte pour commencer. Mais j'ai essayé de dépasser tout ça, et je me suis posé la question de ce qui n’allait pas, car je me rends bien compte que la réalisation, la photographie, les décors sont autant d'aspects sublimes de la production, et je ne le renie pas. J’ai rapidement compris que ce qui me dérangeait vraiment c'était le schéma narratif lunaire qui ne fonctionne tout simplement pas. En réalité, on ne comprend pas où le film nous emmène, le sujet de fond tarde à se dessiner, et pendant plus d’une heure on a le sentiment que la production est simplement d’une complaisance extraordinaire avec les chasseurs, un sentiment que la fin peine à nous faire oublier.
Par ailleurs, les bruits d’animaux, saturés, qui font office de dialogues, deviennent très rapidement pénibles, à tel point qu’on a l’impression parfois qu’ils sont singés par de véritables acteurs.
Enfin, le plus démagogique pour finir, la mention « Aucun animal n’a été blessé… » apparait bien pratique ici, tant il suffit de visionner le film pour comprendre l'énormité du mensonge. D'ailleurs, je pense que l’ours qui se fait dépecer au début du film ne nous dirait pas la même chose (la chaire ne ment pas). Vous allez peut-être me dire qu’il est mort de vieillesse, mais dans ce cas je vous répondrais que le hasard du calendrier semble bien faire les choses… Par ailleurs, tout est suggestif avec la définition de maltraitance, en ce qui me concerne des ours cravachés et fouettés pendant quatre ans afin d’être dressés pour le tournage, puis envoyés dans un zoo une fois que l’on en a plus besoin, et leur promettre une vie de captivité à tourner en rond dans des espaces minuscules (ce n'est pas une image), je n’appelle pas ça des bons soins ou de la bienveillance. On ne va pas se mentir, les besoins de ce film à créer de la maltraitance animale, oui, c’est un fait, et la mention est juste là pour endormir le public débile qui ne cherche pas à voir plus loin que le bout de son nez.
C’est pour toutes ces raisons que j’ai du mal à prendre du plaisir devant ce film. Si à la limite l’histoire valait le coup, j’aurais pu mentionner quelques aspects honorables de la production, mais le seul moment de grâce et celui de la séquence du chasseur qui renie ses instincts meurtriers, tout le reste, s’avère finalement très ordinaire, en dépit de la précision et de la beauté des images, à couper le souffle.