C'est l'histoire classique du légionnaire, ou plus exactement de l'homme que son passé et son existence précaire conduisent à s'engager. Au coeur du Maroc, dans la légion espagnole, Jean Gabin tente d'oublier le meurtre qu'il, a commis à Paris (qu'on imagine aussi justifié que passionnel) et qui l'a conduit à errer dans Barcelone avant de combattre les insurgés du Rif.
Ce Gabin assassin rappelle celui du "Jour de lève" de Carné et de "Au-delà des grilles" de René Clément, tournés plus tard, incarnation réaliste de la figure prolétaire et parisienne incessamment condamnée pour son acte. C'est ce réalisme populaire qui séduit encore une fois chez Duvivier; Le film est une histoire sur la fraternisation des hommes en bout de course, engagés vers le même destin, même si l'un d'entre eux (Robert le Vigan, excellent dans l'infâmie comme dans la rédemption) est un mouchard.
Ces gueules et cette langue populaire sont en tout cas plus significatif du film que la partie sentimentale où Annabella compose une danseuse marocaine un peu toc.