Ce récit de la fuite en avant d'un homme qui tente en vain d'échapper à son destin, fut un gros succès du cinéma français des années 30, à une époque où le Légionnaire était une figure adulée qui sentait bon le sable chaud. La Bandera porte aujourd’hui très largement son âge. Le point fort du film reste la mise en scène, inventive voire virtuose à certains moments : On pense aux mouvements de caméra lors des scènes de bagarre dans le bar, aux premiers plans parisiens largement influencés par l’expressionnisme allemand, ou encore aux scènes quasi documentaires dans Barcelone ou montrant les déplacements de troupes dans les montagnes marocaines. Au rang des points positifs on mettra également les interprétations masculines de Gabin, et, avec une moindre présence à l'écran mais avec une interprétation très forte, Pierre Renoir et Le Vigan parfois halluciné. Mais ses points positifs ne compensent pas les aspects négatifs. Le scénario est simple et convenu, les scènes répétitives de marche au pas de légionnaires permettent de meubler à peu de frais. Mais le pire réside dans le colonialisme de carte postale dessiné par le film, dans ses bienfaits évoqués, dans ce romantisme du désert où des prostituées marocaines parlent français avec un parfait accent de titi parisien. La Bandera garde le charme suranné et particulier de son époque, qui n'a pas été la plus glorieuse de notre histoire.