C'est en ne sachant rien de ce film que je me suis précipité dans la salle, avide de découvrir ce que cette affiche dévoilant Izia Higelin et Cécile de France enlacée amoureusement pouvait bien cacher.
Quelle n'est pas ma grande surprise.
Si j'avais su que derrière cette affiche candide se cachait la pépite de cet été.
Si j'avais su que derrière ses câlineries se cachait l'une des plus belles histoires d'amour jamais faites.
Si j'avais su que derrière les sourires candides des deux comédiennes se cachait les déchirements les plus tragiques.
Mais La Belle Saison, avant d'être une histoire d'amour, est une histoire de femmes.
Engagées.
Chacune de leur côté.
Dans la défense de leur condition pour l'une, dans le travail agricole pour l'autre.
Dans sa relation amoureuse pour l'une, dans la conservation de ses liens familiaux pour l'autre.
Dans l'absence de complexes pour l'une, dans la dignité pour l'autre.
Si la réalisatrice décide de placer habilement sa scène dans les années 70, c'est pour mieux souligner l'urgence actuelle des maux sociétaux soulevés, et ce dans la plus grande finesse et candeur qui soit. Les séquences de réunions, de discours entre copines féministes, d'action "coup de poing" sont assumées avec un humour génial qui fait passer la première partie du film à la vitesse de l'éclair.
Plongés dans les mentalités rebelles des jeunes de l'époque, on progresse petit à petit vers celles de ces deux jeunes filles, abandonnées à leurs désirs communs.
Si la tension érotique est palpable, celle-ci n'explose jamais, se contentant avec une grande simplicité d'une nudité pudique et d'une relation on ne peut charnelle. Sans jamais troubler, toujours droit dans ses bottes, le film, à l'instar de La Vie D'Adèle (tous deux totalement différents) dévoile avec une sensibilité et une douceur rare, la sexualité de ses deux femmes, magnifiquement interprétées par Cécile de France et Izia Higelin, libérées comme jamais.
Si l'on retiendra la naïveté touchante d'Higelin et sa justesse de jeu sans vagues, c'est surtout Cécile de France qui restera dans nos mémoires, peste semi-hippie semi-bourgeoise, drôle et ravissante, prouvant encore une fois son talent.
La confrontation des corps et des âmes se fait dans la plus grande simplicité et fluidité, grâce à un montage et des dialogues parfaitement construits.
Tout sert à l'intrigue, tout est efficace, sans jamais délaisser des moments de pures rêveries bucoliques.
Jamais déconnecté du réel, le film s'inscrit dans le quotidien de ses travailleurs des campagnes, et leur rend un hommage vibrant, bien loin des clichés que l'on aurait toujours peur de rencontrer.
Mais petit à petit l'intrigue s’abîme. Les tensions paraissent.
On le sait, rien n'est jamais si simple.
La vie campagnarde ne colle pas à celle d'une urbaine décomplexée, qui peine à comprendre et accepter la dure réalité d'un milieu traditionnel, dans lequel on ne peut tomber amoureux d'une personne du même sexe et où l'homme dirige.
Mélangeant tous ses sujets, tous plus délicats les uns que les autres, sans jamais sombrer dans le misérabilisme ou dans le mielleux, Catherine Corsini met ici en image une romance estivale de toute beauté, déchirante de justesse et de complicité.
On en ressort chamboulé, le souvenir indélébile de cette histoire d'amour gravé à jamais dans nos mémoires.