Une famille d'escrocs
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J'ai été surpris d'apprendre que ce film n'est pas adapté d'une quelconque pièce de théâtre, mais vient, tout simplement, d'un scénario écrit par Kaneto Shindō. En effet, l'ensemble se déroule exclusivement dans un appartement. Enfin, du moins, on ne sort jamais de l'immeuble. C'est aussi ma première expérience avec le cinéma de Yūzō Kawashima, 47 films en tout pour une vie de seulement 45 ans. A part Sadao Yamanaka, 23 films pour 28 ans de vie, qui peut se vanter dans le septième art japonais d'avoir eu une oeuvre aussi prolifique pour une existence aussi courte.
Expérience un peu moyenne, je dois l'avouer. Même si le réalisateur multiplie au maximum les angles de vue et ne manque jamais de filmer chaque centimètre de l'étroit logement de nos protagonistes, le dispositif a tendance à être pesant. Je ne dis pas qu'un film qui se déroule que dans un seul lieu ne peut pas fonctionner (coucou Hitchcock, coucou Lumet, coucou plein d'autres ayant prouvé le contraire !), et ce n'est pas cela en lui-même qui rend le tout quelquefois pesant.
C'est pour la raison, en fait, que c'est inégal. Cela dépend en fait des personnages. Quand on n'a que les quatre membres de notre famille de parasites professionnels, escrocs voulant avoir à tout prix un train de vie confortable, c'est fade. Le fils ne fait que s'agiter d'une manière agaçante, la fille se montre trop peu pour être marquante, si on fait exception de deux-trois scènes sensuelles, les deux parents (dont le père joué par le michelsimonesque Yûnosuke Itô !) discutent mais n'agissent vraiment jamais, cela ne les rend pas très intéressants, c'est à peine si on ne les prends pas pour des Jack et William Dalton qui ne font que dire "Du calme, Joe !" ou "Tais-toi, Averell !".
Par contre, quand quelqu'un vient de l'extérieur, là, ça devient généralement un peu plus passionnant.
Par exemple, le chanteur de pacotille excentrique, en smoking blanc, qui se prend pour le Elvis Presley japonais, est tellement saugrenu et sorti de nulle part qu'on ne risque pas de l'oublier.
Mais les temps les plus forts, on les doit à la sublime Ayako Wakao, toute d'élégance et de beauté, en comptable, bien propre et bien lisse d'apparence, qui va se révéler le personnage le plus redoutable du lot. Quant à se demander comment les hommes se font complètement mener par le bout du nez par elle, il suffit de regarder n'importe laquelle de ses photos dans le film pour le savoir. Quelle dommage qu'on ne la voit pas plus souvent. Elle se taille sans pitié la part du lion dès qu'elle apparaît.
Bref, si on fait un bilan global, c'est mi-figue mi-raisin... Cela ne m'empêche nullement de vouloir creuser un peu plus Kawashima, les quelques qualités de l'ensemble sont trop remarquables pour ne pas me rendre curieux.
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le 19 juin 2020
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