Quand on voit les noms de Raoul Walsh et James Cagney sur la même affiche, on ne s'attend pas franchement à de la rigolade. Pourtant ces deux artisans de l'âge d'or du film noir hollywoodien ont bel et bien pris leur monde à contre-pied en unissant leurs efforts sur cette petite pépite de comédie revigorante qu'est Strawberry Blonde. Et si la vision d'un Cagney badinant bras dessus bras dessous avec Rita Hayworth et Olivia De Havilland a de quoi désarçonner de prime abord, force est de constater que le gaillard fait des étincelles dans ce rôle et prouve s'il était besoin l'étendue de ses talents d'acteur.


Evidemment, on ne se refait pas et les scénaristes, chargés de peaufiner cette histoire déjà portée à l'écran huit ans plus tôt (One Sunday Afternoon en 1933), ont bien pris soin d'offrir à Cagney un personnage porté sur la castagne. Sauf qu'ici c'est lui qui encaisse les gnons et se laisse marcher sur les guêtres. D'ennemi public à souffre-douleur maladroit mais volontaire, il n'y a qu'un pas que Cagney emboîte avec brio, entouré d'une bande d'acteurs plus formidables de polyvalence les uns que les autres. A commencer par Olivia de Havilland, aussi irrésistiblement drôle (notamment dans sa première scène) que bouleversante. L'alchimie avec Cagney, pas évidente à première vue, fonctionne pourtant à merveille et en fait l'un des couples les plus attachants du cinéma.


S'il faut également souligner le magnétisme dévastateur de Rita Hayworth dans ce rôle de material girl plus subtil qu'il n'y parait, et le numéro désopilant d'Alan Hale dans le rôle du père (là encore une alchimie parfaite avec Cagney), comment ne pas s'attarder sur les dialogues absolument délicieux dont nous régale le film ! Raoul Walsh leur offre un écrin sur mesure avec une maîtrise du rythme à toute épreuve qui donne à Strawberry Blonde un peps de tous les instants. On en ressort heureux et touché au coeur, après avoir gardé le sourire aux lèvres 95 minutes durant devant ce spectacle léger, frais et conclu comme il se doit par l'un des premiers karaokés de l'histoire du cinéma !

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le 3 mars 2018

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magyalmar

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