Réalisé en 1947 « T-Men » (au titre français improbable) marque la première collaboration entre Anthony Mann et le grand directeur de la photographie John Alton. Et c’est une réussite visuelle constante. Mouvements de caméra, cadrages et traitement du noir et blanc sont remarquables. L’osmose parfaite dès ce premier travail en commun donne lieu à des angles originaux mais sans esbroufe ni effets faciles. L’histoire authentique de ces « Treasure Men » est montrée à leur gloire uniquement. Pas sur que les entreprises américaines qui ont eut à subir leur méthodes intimidantes et brutales (le FBI ne peut juridiquement pas se comporter comme eux) ne trouve cette exposition quelque peu partiale. Pour orienter davantage l’ensemble, une voix off, parfois utile, souvent pesante, donne au film un aspect documentaire, ce qu’il n’est pas. Mais Mann, fidèle à lui même, filme sobrement les scènes de violence avec son habituel style sec et concis. Jusqu’à la direction d’acteur qui offre une prestation minimum à des rôles scriptés au cordeau. Les plus représentatifs sont les femmes, réduites à leur plus simple utilité comme l’épouse (June Lockhart) d’un des agents et sa copine, la photographe (Mary Meade) et la belle Jane Randolph dans le rôle de l’impénétrable assistante du grand chef. De même, les membres de l’organisation sont d’une sobriété remarquable (pas de numéro à la parrain, ni de tueur hystérique ou de dépravé extraverti), comme la direction de la police où les deux héros infiltrés, avec une bonne prestation de l’inégal Dennis O'Keefe. Tout cela renforce la véracité du film dont le déroulé offre une intensité de plus en plus angoissante et ménage ainsi un suspens grandissant. Seule fausse note : l’abus de la voix off, surtout au début, qui empêche le film de trouver rapidement son rythme.