Voilà un hi-concept qui trompe son monde bien profond :
à savoir moquer la mauvaise-foi des fans du genre blasés (représentés par les artisans de l'ombre dans l'histoire) tout en respectant amoureusement ce cinéma slasher-fantastique-SF...
C'est ce que réussit en effet l'inventif scénariste/réalisateur Drew Goddard (Sale temps à l'hôtel El Royale, 10 Cloverfield Lane, Seul sur Mars...) qui joue avec les codes du patrimoine postmoderne tel un marionnettiste lucide mais toujours amoureux du genre. Méta es-tu là ?
Geeks psychorigides formatés ou mal-bouffeurs de popcorn indéfectibles, passez votre chemin. Cinéphiles exigeants ou simples curieux, welcome home. Mais là où Drew "Avengers" Goddard monte d'un cran son sujet, c'est que l'ironie ne tue pas la tension dramatique (ce qu'on pouvait reprocher à Scream3 par exemple), bien au contraire. Il réussit cette délicate et rare alchimie où humour et horreur se complètent pour asseoir la noirceur du propos (cf Le Loup-garou de Londres).
Tout est donc maîtrisé, frais, bien casté (personnages masculins et féminins faussement clichés et vraiment attachants), finement dialogué, malicieusement mené, esthétiquement léché (des FX monstrueux à l'érotisme macabre du baiser au loup). Et le happening final, tout sauf gratuit et wtf, nous gratifie d'un des plus jouissifs bestiaires du genre... sans compter le caméo pour le KO final.
La portée métaphysique -et méta tout court- est tellement ambitieuse que l'on peut être frustré de ne pas voir développer davantage l'historique mythologique et ses applications concrètes à l'image. Soit mais un slasher avec un Q.I pareil, on n'avait pas vu ça depuis ...?
Et c'est encore meilleur aux nouveaux visionnages avec une double lecture instantanée qui envoie du bois sans perdre un neurone.