The making of The Evil dead
Acolyte habituel de Sir JJ Abrams, qu'il a notamment accompagné sur les séries Lost et Alias, et dont la plume se retrouve au générique du détonnant Cloverfield, Drew Goddard se lance dans la réalisation à travers un pastiche du film d'horreur à l'américaine, type Evil dead de Sam Raimi ou Détour mortel de Rob Schmidt.
Difficile de ne pas penser à l'excellent Tucker and Dale à la vision des premières images de cette Cabane au goût subversif, dont l'objectif avoué est de reprendre les sacro-saints codes du film d'horreur pour mieux les détourner. Mais, là où le sympathique Hillbilly blues nous plaçait du côté des "méchants" en inversant savamment la donne, le film de Goddard nous plonge dans les arcanes de l'Amérique post 9/11, celle des complots gouvernementaux dans laquelle Big Brother règne en maître et observe chacun de nos mouvements.
Sans chercher à spoiler l'intrigue du film, qui figure largement dans sa bande annonce (conférer par ailleurs la liste de notre ami Johnny Spoiler), on a là affaire à un complot gouvernemental autrement plus grave que celui qui aura été à l'origine de la chute des tours jumelles. Sans chercher une seconde à se prendre au sérieux, Goddard annonce la couleur dès la séance d'introduction. La peur ne sera pas vraiment au rendez vous, et chaque frisson, chaque sursaut est parfaitement orchestré par l'homme derrière sa console.
Une sorte de Deus Ex Machina qui n'est pas sans rappeler l'organisation qui règne derrière la réalisation d'un film, d'un vrai. A tel point que l'on se croirait parfois projeté dans un bonus DVD durant lequel le spectateur assiste à la mécanique qui permet d'aboutir à une expérience délicieusement horrifique. Les clichés y sont énumérés, collant à une feuille de route que l'équipe se doit de respecter à la lettre, sinon, gare aux conséquences. On pourrait y voir une allégorie des grosses productions hollywoodiennes si le film faisait seulement semblant de se prendre au sérieux.
Sauf que cette joyeuse anarchie ne cherche jamais à se faire passer pour autre chose que ce qu'elle est, à savoir un pur divertissement, cherchant à faire rire plus qu'à faire peur, visant le second degré et le facilement digérable. Derrière des atours faussement profonds, cette Cabane dans les bois atteint son objectif : détourner les codes du genre pour divertir. Attention, ce miroir pourrait bien se révéler transparent...