Mathieu Amalric adapte sur grand écran le roman éponyme de Georges Simenon, un récit policier sur fond de drame psychologique, qui vaut surtout par le travail minutieux du metteur en scène français.
Chaque plan semble en effet découpé au scalpel, chaque cadrage choisi précisément, chaque scène renvoyer à une autre. Ce travail de fourmi est permis par la durée brève de "La chambre bleue" (à peine 1H15). Amalric a d'ailleurs choisi le format suranné du 4/3, peut-être pour rappeler que le récit original se situait dans les années 60.
L'originalité de ce polar provincial tient notamment à sa construction inversée, avec la mise en cause d'un coupable sans qu'on sache encore de quel crime il s'agit. L'alternance de scènes au présent (les différents interrogatoires du prévenu) et de flashbacks (la liaison et les scènes domestiques) donne toute sa complexité au récit.
Un mot sur le casting : Mathieu Amalric est convaincant dans ce type de rôle, Léa Drucker un peu discrète, le méconnu Laurent Poitrenaux parfait en juge d'instruction (idem pour le psychologue, impeccable). Dommage simplement que Stéphanie Cléau, compagne d'Amalric à la ville, sans démériter, épouse assez mal l'idée que je me fais de la femme fatale...
Au final, "La chambre bleue" s'apparente à un froid et brillant exercice de style, qui pourra rebuter une partie des spectateurs par sa sécheresse et son austérité, mais qui rend un hommage singulier à l'œuvre de Simenon en proposant une vison transcendée du matériau littéraire de base.