Comme d'habitude, c'est un petit peu au petit bonheur la chance que je me suis retrouvé dans cette salle à voir cette "Chasse" (les charmes du ténébreux Mads ont malgré tout aidé, je l'avoue). Autant d'ailleurs le dire tout de suite : j'étais loin d'être convaincu, face aux premières minutes, que j'allais assister à un grand film. Malgré tout, j'étais prêt à me contenter de ce qui semblait être selon moi un film banal mais suffisamment modeste pour être sympathique. J'ignorais encore que, parce qu'elle avait décidé de séduire sans esbroufe, cette "Chasse" entendait me conquérir sur la longueur. Car, oui, j'ai été conquis, ou plutôt devrais-je dire capturé, ou bien même touché en plein cœur. Ce n'est pourtant pas l'intrigue – basique au possible – sur laquelle repose ce film qui a eu raison de moi, mais bien le ton qu'a choisi de prendre Thomas Vinterberg pour le mener à terme. J'entends par là que, d'habitude, lorsqu'un film commence à me parler d'un homme victime d'une vindicte populaire pour un crime qu'il n’a pas commis, j'imagine déjà le traitement qu'on a coutume d'appliquer face à ce type de sujet : larmoiements de circonstances, cris rageux à l'injustice, ou bien l'habituelle foule aveuglée par ses instincts grégaires... Même s'il ne prend pas non plus totalement le contre-pied de ce schéma, Vinterberg a décidé d'y apporter de la mesure et davantage d’ambiguïté. A dire vrai, toute l'efficacité de la démarche repose sur l'écriture et l'interprétation du personnage principal, sublimé par Mads Mikkelsen. C'est parce qu'il s'efforce de ne jamais sombrer dans l'émotion facile, qu'il persévère tant bien que mal à maintenir une démarche mesurée et compréhensive, que ce personnage m'a profondément touché. Or, à me relire, je me rends compte que cette description que je viens de faire du personnage principal sied à merveille à tout l'ensemble du film. Et comme il ne s'éloigne jamais de cette ligne de conduite, Vinterberg ne fait que donner davantage de force à sa "Chasse" au fur et à mesure des minutes qui s'égrainent. C'est avec l'œil humide et les sens en éveil que j'ai d’ailleurs assisté à la conclusion de ce film, merveilleuse de pudeur et d'intelligence selon moi. Moi qui espérais donc qu'un film audacieux et sans limite me fasse regoûter au grand frisson, c'est finalement cette "Chasse" pleine de mesure et d'équilibre qui me redonne foi au cinéma. Comme quoi, c'est bien le propre des chefs d’œuvre que de savoir avant tout nous surprendre...

lhomme-grenouille
9

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le 9 oct. 2017

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