Loin d'être un inconditionnel du dogme (euphémisme), j'avoue pourtant avoir été attiré par le dernier film de Thomas Vinterberg, ne serait-ce que par son passionnant sujet, aussi terrible que malheureusement intemporel. Alors on pourra toujours reprocher à « La Chasse » d'être un peu manichéenne, parfois caricatural, bref : d'en faire trop. Ce qui n'est pas impossible, mais passe sans le moindre souci tant le réalisateur se donne du mal à construire des personnages toujours crédibles, la justesse des dialogues et des situations achevant de nous convaincre totalement.
De plus, autour d'un Mads Mikkelsen impérial, le réalisateur a dégoté une galerie de seconds rôles plus remarquables les uns que les autres, si bien que l'on ne décroche quasiment jamais d'un récit par ailleurs dense et remarquablement construit, souvent tout en épure et ne lassant jamais. Dommage seulement que la métaphore « chasseresse » prenne parfois un peu trop de place (surtout lorsqu'on y est allergique au plus haut point), mais ne faisons pas la fine bouche : si l'oeuvre eût gagné à encore plus de subtilité et de recul, elle n'en reste pas moins souvent captivante, remarquable équilibre de cinéma exigeant et populaire à la fois : une réussite.