Orageux, humide, paresseux, La Ciénaga a immédiatement une ambiance qui correspond à son titre, « Le Marécage ». Poisseuse, bourbeuse, on n'y échappe pas : elle nous colle comme notre propre peau, définissant l'œuvre quasiment par sa seule oppression. C'en est presque dévalorisant pour les interprètes, apparemment voués à peupler cette enveloppe décharnée où l'humanité s'administre les derniers premiers soins. Car l'atmosphère détourne notre attention trop efficacement, baignant les actions de chacun de ses vibrations apocalyptiques jusqu'à ce qu'on vive le film comme une hallucination.
Je n'aurais rien à raconter de cette tranche de vie tropicale où les protestations de quelques individus, qu'on croirait déjà au Purgatoire entre les vallées andines qui les entourent, perdent leur sens. Mais son vice a tôt fait d'obnubiler.
→ Quantième Art