J’admire depuis longtemps cette courte période de l’histoire du cinéma où la guerre était encore assez proche pour être remémorée avec acuité, mais suffisamment loin pour que l’art sache quoi en faire et respectueusement.
La Ciociara fait ce travail d’historien avec une dédication dépassant la passion et une représentation allant plus loin que la reconstitution. Ce fut un film douloureux à tourner qui demeure à ce jour difficile à voir, et encore : qui peut prétendre empathiser totalement avec ces personnages de temps inconnus où la guerre était devenue la normalité ? De Sica le pouvait, Loren aussi ; c’est pourquoi ils font partie de ce drame monstrueux où hommes et femmes se font les prismes les uns des autres tandis que les horreurs achèvent lentement de se dérouler autour d’eux.
Loren, à 25 ans, à un rôle d'un engagement et d'une force qui dépassent de loin son âge : celui d'une femme forte, d'une femme de la campagne mais qui connaît la ville, d'une femme dans l'adversité et bien sûr d'une mère. Sa lutte quotidienne pour le respect et la survie est terrifiante, mais il y a plus terrifiant encore : quand elle finit par la perdre.
Visitant chaque degré d’amour et de haine entre la création et la destruction d’une vie, ce film est le souvenir de temps dont nous ne devrions pas oublier de tirer des leçons.
→ Quantième Art