Je ne peux pas décemment conseiller un film pareil, il y a une histoire d'amour bancale un peu moisie, Deneuve est comme d'habitude révulsante des cheveux jusqu'au vernis à ongles, on se demande qui peut continuer à croire que lui refiler des rôles de call-girl ne suffit pas à réduire la crédibilité du film à néant, mais sinon, comme disait ce bon Kalian, les aldrichiens errants y trouveront leur compte...
Je ne sais pas exactement pourquoi mais il y a toujours dans les bons vieux Aldrich de fin de carrière quelque chose de mélancolique, de désabusé, de poisseux qui m'émeut au-delà de toute mesure, alors tant pis si la nostalgie des deux héros est trop appuyée, tant pis si on en a rien à battre que le vieux continent leur manque ainsi que les années trente, époque de merde, oui, pas à dire, c'est crade en plus, c'est big Bob, c'est comme Twin Peaks mais dans une grande ville, avec la petite fille retrouvée sur la plage du sperme plein tous ses orifices et droguée jusqu'au yeux, le père malsain, la mère frustrée hystérique, les notables pervers du coin, le rêve américain en quelque sorte...
Et au milieu, Burt Reynolds d'avant la moustache quand il ne savait pas mieux jouer, d'ailleurs, mais quand sa bouille entrainait malgré tout la sympathie... c'est Phil, l'inspecteur, qui se pose à la fois trop et pas assez de questions, il a son coéquipier black, Paul Winfield (Ici seulement sergent, mais il montera en grade plus tard, Lieutenant dans Terminator, Juge dans Présumé Innocent...) et tendance à trop picoler et à s'oublier les yeux sur les cuisses qui passent et c'est aussi pour ça qu'on l'aime, le bougre...
Robert aime bien les vieux sales, sinon, comme d'hab, il récupère Ben Johnson de chez Peckinpah et nous refile ses vieilles trognes préférées : Ernest Borgnine en chef de la police et Eddie Albert en avocat marron amateur de jeunes filles paumées, on se sent tout de suite en famille...
C'est comme tous les Aldrich ou presque, impossible de s'ennuyer, ça se balade un peu partout mais jamais trop où on a l'habitude d'aller et puis c'est plus fort que moi, j'aime vraiment cette photographie joliment marronnasse comme les papiers peints des grands parents de notre enfance, j'aime voir un héros aldrichien qui se promène au milieu, je trouve ça terriblement touchant.