Jean Pierre-Jeunet et Marc Caro étaient alors à leur apogée niveau inventivité, et cela se ressent quasiment à chaque instant. Univers unique, couleurs délirantes, cadrages invraisemblables, personnages inoubliables : tout est réuni pour nous offrir un spectacle unique en son genre, à la fois très beau et très riche, aussi bien visuellement que dans l'écriture. Après, je l'avoue : les deux compères se permettent parfois une poignée de dérapages que je trouve très dispensables et même d'assez mauvais goût. De plus, ces derniers nous proposent tellement de choses d'un coup qu'il est difficile d'accrocher autant à tout.
Reste qu'à peser le pour et le contre, c'est largement le positif qui l'emporte, tant ce rêve (cauchemar?) sait constamment nous surprendre, nous emmener vers des chemins totalement imprévus, nous offrant nombre de trognes inoubliables (Ron Perlman, Daniel Emilfork, Dominique Pinon, Jean-Claude Dreyfus, Rufus, Ticky Holgado, Serge Merlin... Qui dit mieux?!) à travers plusieurs scènes assez sensationnelles... Difficile en tout cas de résumer une telle expérience, qu'on y adhère ou pas, mais pour le savoir, il faut d'abord que vous franchissiez le pas : personnellement je ne le regrette pas un instant. Et peux vous jurer qu'aucune critique au monde ne saura trouver les mots exacts pour expliquer notre ressenti face à cette œuvre totalement à part : vous savez ce qu'il vous reste à faire...