Sorti en 1971, La classe ouvrière est ce qu'on appelle un film très engagé, du côté des ouvriers (des exploités, devrais-je dire), et qui montre malgré tout que même en enfer, la solidarité existe.
Gian Maria Volonté est un ouvrier qui effectue de façon besogneuse la même tâche huit heures par jour, il a un bon rendement et ne fait pas de vagues. Seulement, un incident va le priver d'une de ses phalanges, et durant son arrêt professionnel, ses collègues syndicalistes vont prendre ce prétexte pour s'insurger contre la productivité de folie qui les contraignent à travailler au mépris de leur sécurité. Volonté va alors s'engager lui aussi dans la bataille, alors qu'il est devenu moins efficace au travail, et risque le licenciement.
Le résumé explique bien la difficulté de parler de ce film, qui m'a passionné, mais pointe en même temps la folie que peut engendrer le capitalisme. A voir des ouvriers qui s'abrutissent au travail, au point d'en devenir rigoureux chez eux, qui sont dans un bruit permanent avec comme habitude de parler très fort tout le temps, et enfin de ne faire que ça, avec la fameuse formule [métro]-boulot-dodo.
Gian Maria Volonté, qu'on avait déjà vu dans Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon du même Petri, y est vraiment impressionnant. On voit qu'il est investi dans ce rôle à priori ingrat pour un acteur, car c'est au départ quelqu'un de très lisse, mais qui peu à peu va se révéler aux autres et surtout à lui-même. Sa compagne le méprise, ainsi que son fils, mais son beau-fils l'aime bien, il est apprécié de ses collègues, il essaie de faire l'amour avec une salariée de cette entreprise dans une voiture bien trop petite, mais il a le travail dans le sang. On sent qu'il ne sait faire que ça, au point que ses capacités sociales sont limitées. Mais cette situation va peu à peu l'angoisser, au point qu'il va aller revoir des anciens collègues dans un collègues, tellement abrutis par ce travail d'usine qu'ils en ont perdus la raison.
Il y a quelque chose de fort qui se dégage de ce film, qui est clairement de gauche, magnifié par la musique d'Ennio Morricone qui sert elle aussi dans l'histoire, car elle a (volontairement) ce côté martelé semblable aux bruits qu'entendent les employés toute la journée. D'ailleurs, on ne voit quasiment jamais les supérieurs.
Quand l'Italie s'énerve, et montre la pénibilité du travail tel qu'on la voit, ça a le mérite d'être souligné.