Et ma madeleine de Proust horrifique s'envola

La première fois que j'ai vu ce film je devais avoir 12 ans peut-être. Un moment de clandestinité pendant que maman dormait (comme pour American Pie 2 ahem). J'avais mis toute la peur de mon côté pour être bien sûr de me faire dessus et de regarder dans tous les recoins de ma chambre avant de dormir : aucune lumière que celle de la télé, un plaid trop fin et une maison trop vide. Un film visionné entre les doigts de mes mains. Une curiosité malsaine, une envie de se prouver je ne sais quoi pour le raconter aux copains et un peu de masochisme sans doute. La scène dans le village test m'avait terrorisé, l'homme enfermé dans la caisse pleine de membres, elle, s'est inscrite dans ma mémoire à jamais je crois. D'ailleurs, jusqu'à ce soir je croyais que c'était le 2 que j'avais vu encore enfant et je ne m'en serais même peut-être pas rendu compte sans cette scène.
Mais voilà, aujourd'hui la "magie" n'opère plus et la peur s'est transformée en intellectualisation et jugements. Je ne vois que les défauts et je ne ressens plus. C'est le genre de films qui me font regretter la crédulité et le premier degré de la jeunesse. Désormais la quête du ressenti passe par la perfection et c'est d'autant plus dommage car celle-ci s'accorde avec la rareté. Je préfère me souvenir de mon effroi de jeunesse et laisser de côté mon indifférence d'adulte blasé.
De plus en plus vieux, de plus en plus exigeant, de moins en moins sensible.