La Colline a des yeux par Nicolas Montagne
Sommet de la trouille sur grand écran, avant le remake qui le remet au goût du jour, La Colline a des Yeux est certainement l'un des films les plus violents de M.Craven. On peut n'y voir qu'une resucée de La dernière Maison sur la Gauche, mais on peut également y discerner les prémices d'un cinéma moins viscéral, plus commercial. Entre les deux, ce film est ce qu'il entend être: un survival pur et dur. Plus fort que Délivrance, plus incisif que La dernière Maison et tout aussi critique que Massacre à la Tronçonneuse, La Colline a des Yeux nous donne à voir une arrière-Amérique terrifiante et aride qui ferait prendre ses jambes à son cou à n'importe quel être sensé.
Perdus au milieu de nulle part, les personnages du film errent donc pour leur survie face à des êtres incompréhensibles, véritables abberrations, dans une nature hostile. En effet, l'ambiance malsaine du film distille du début à la fin une angoisse indéfectible qui vient, comme dans Massacre à la Tronçonneuse, de l'éperdument grand, et non d'un espace clos. Les personnages sont enfermés dans le vide et luttent contre quelque chose qui les dépasse en territoire inconnu avec une horde de cannibales déchaînés à leurs trousses. On notera le passé étudiant de Wes Craven puisque, grand amateur de myhtologie,il a nommé les membres de la famille démoniaques comme les dieux de la situation (Papa Jupiter, Mercure le messager, Pluton le fantasque,...)
Wes Craven reprend donc son brouillon génial de La dernière Maison pour en faire une oeuvre parfaitement aboutie où le discours politique sur la guerre du Vietnam est toujours aussi présent, mais où la violence graphique laisse plus de place pour une angoisse savamment utilisée. Bref, âmes sensibles, s'abstenir, mais c'est vraiment dommage!