Joseph Frail,un médecin taciturne et volontiers violent,s'installe dans un village de chercheurs d'or.Un jour il doit soigner une jeune femme,Elizabeth,devenue aveugle à la suite de l'attaque de la diligence qui la transportait.La fille tombe folle amoureuse de lui mais il la repousse,ce qui engendrera des drames en série.Ce western de la fin des fifties présente de solides garanties,sa fabrication étant assurée par des spécialistes du genre,la Warner Bros. à la production,Delmer Daves à la réalisation et la star Gary Cooper en tête de casting.Le scénario est cosigné par Halsted Welles et l'excellent Wendell Mayes,auteur de plusieurs grands films de Preminger,leur travail s'inspirant d'une nouvelle de Dorothy M. Johnson,romancière qui sera de nouveau adaptée trois ans plus tard avec "L'homme qui tua Liberty Valance" de Ford.C'est visuellement très réussi,Daves trouvant les bonnes perspectives et utilisant au mieux de superbes et inhabituels décors montagnards et forestiers sublimés par un majestueux Technicolor.Pour ce qui est de l'histoire,c'est plus mitigé et on a le sentiment d'un gros potentiel insuffisamment exploité.La faute à un faux rythme qui rend le film un peu longuet,à des péripéties trop rares noyées dans un récit languissant,à des dialogues faiblards et des personnages caricaturaux tout-à-fait excessifs,à l'exception notable du héros qui lui est un peu trop mutique et énigmatique.C'est regrettable car certains moments font croire à une franche réussite,notamment les explosions de violence de Frail,l'amorce de tension érotique entre Elizabeth et lui,les interrogations concernant son passé,les figures inquiétantes de Frenchy et Grubb qui suggèrent le danger qui rôde.Hélas tout ça est assez délayé sur la longueur,même si l'intérêt est maintenu jusqu'au bout,avec une fin heureuse plutôt artificielle.Le charisme et l'autorité de Cooper phagocytent l'écran,l'acteur portant de toute évidence le film dans ce rôle d'un homme tourmenté et ambigu,capable de dévouement et de générosité comme de froideur et de dureté.Maria Schell,d'ordinaire fade et molle,manifeste ici de la personnalité et se montre crédible en faible femme égarée au milieu d'un monde de brutes.Les deux méchants sont incarnés par des pointures de haut standing,Karl Malden en prospecteur malchanceux dont on subodore constamment la nocivité,et George C. Scott,tranchant et terrifiant en prédicateur allumé.Le titre original,"The hanging tree","L'arbre au pendu" en français de chez nous,est aussi celui de la nouvelle de Johnson et est bien meilleur que le titre utilisé en France.