Bien qu'il en ait tous les aspects, « La Controverse de Valladolid » n'est pas une adaptation d'une pièce de théâtre, mais d'un roman de Jean-Claude Carrière, ayant d'ailleurs activement participé au scénario. Pas mal de libertés prises quant aux faits historiques, mais toujours dans une volonté de rendre plus pédagogique, pertinent, intéressant le téléfilm. Le propos est concret, le déroulement fluide, le scénario trouvant toujours un bel équilibre entre défenseur et opposant à la cause, n'apparaissant jamais manichéen et même finalement assez complexe si l'on replace les faits dans leur contexte historique.
Il y a beau avoir un « bon » et un « méchant », que le procureur soit représenté par un théologien brillant, s'exprimant avec aisance, calme et talent rend le débat évidemment beaucoup plus riche, subtil. Les dialogues sont extrêmement précis, et il est intéressant d'observer les différentes techniques des rhéteurs pour s'attirer les faveurs de l' « arbitre » (en l'occurrence le légat du pape), notamment les nombreux appels à la religion et particulièrement au Christ. On en vient même (ce qui est à la fois très habile et peu valorisant!) à nous demander ce que nous aurions pensé de la controverse si nous avions vécu à l'époque.
Restait alors à trouver l'interprétation idéale pour incarner ces trois figures historiques : Jean-Pierre Marielle (admirable), Jean-Louis Trintignant et Jean Carmet sont tous trois remarquables. Le verdict, faussement humaniste, boucle le récit sur une note amère, parfaitement représentative de l'état d'esprit colonisateur régnant alors dans toute l'Europe. Alors tant pis si l'image n'est pas terrible et la réalisation presque fonctionnelle, cette dernière est avant tout au service d'un événement historique raconté avec talent, concision et clarté : un téléfilm de référence.