Pas de doute : nous sommes dans le classicisme, l'académique, le manque d'audace... Bref, « La Couleur des sentiments » ne révolutionnera rien et ne prétend d'ailleurs pas le faire. Cela dit, c'est aussi cet aspect très humble qui permet de rendre l'entreprise si agréable à regarder. On a beau connaître la chanson par coeur (le racisme, c'est mal), s'y intéresser durant une période où la condescendance envers les noirs était très haute permet de lui donner un réel sens, le contexte et la reconstitution s'avérant d'ailleurs tout à fait acceptables. De plus, Tate Taylor a beau ne pas prendre beaucoup (pour ne pas dire aucun) de risques, son recours à une voix-off discrète mais efficace, son amour pour les beaux personnages et quelques dialogues truculents finissent par emporter le morceau. C'est toutefois bien ce merveilleux casting féminin que l'on retiendra avant tout (Jessica, je t'aime!), l'Académie des Oscars ne s'y étant d'ailleurs pas trompée en nominant pas moins trois d'entre elles. Le public féminin se sentira peut-être plus concerné, mais c'est charmé et même assez ému que je suis sorti de la salle : les amateurs de jolies histoires bien racontées devraient apprécier.