Sûrement pas le film préféré de Brigitte Bardot...

Il y a des films qui vous interpellent et qui vous vont réfléchir sur les limites à ne pas franchir dans le cadre du cinéma. "La dernière chasse" est l'un de ceux-là.

Sorti en 1956, ce western de Richard Brooks nous parle de l'extermination des bisons dans la seconde moitié du XIXème siècle. En 1853, on comptait 60 millions de têtes, et 30 ans plus tard, elles n'étaient plus que 3.000 sur l'ensemble du continent nord-américain. L'action du film se situe en 1883, et on assiste aux pérégrinations de deux chasseurs qui veulent se faire un peu d'argent facile en abattant le maximum de bêtes. Le premier (Charles Gilson) prend un vrai plaisir à tuer tout ce qui bouge, et il pense à tort que "ces saletés d'animaux" seront toujours là en nombre pour assouvir son plaisir de chasseur, mais le second (Sandy McKenzie) a pris conscience de ses erreurs passées, et il se rend peu à peu compte qu'à force de massacrer cette espèce, elle finira forcément par disparaître.

En toile de fond, le réalisateur nous parle surtout de la haine décomplexée des Américains à l'égard des Indiens. Pour ce peuple, le bison était un animal sacré qui leur permettait de manger, de s'habiller, et de construire leurs tipis et autres canoës. Bref, il s'agissait de leur principale source de subsistance. Les chasseurs blancs et les militaires n'avaient par conséquent pas le moindre scrupule à abattre des troupeaux entiers, dans le seul et unique but d'affamer leurs ennemis. Et oui, ce n'est pas glorieux, mais cela fait partie de l'histoire américaine...

Nous assistons donc à des scènes de racisme ordinaire à l'égard des Indiens et des métisses, et lorsque Richard Brooks s'attarde quelques minutes dans une réserve où des aborigènes amaigris et ridés meurent de faim, cela ne peut laisser personne insensible. Mais là où le film devient terriblement dérangeant, c'est lors de sa longue scène d'abattage qui dure plusieurs minutes. "La dernière chasse" a beau commencer par un avertissement nous précisant que tous les bisons ont été tués par des tireurs d'élite appartenant au gouvernement américain dans le cadre d'une opération planifiée de "diminution" des troupeaux, cela fait quand même quelque chose de voir ces bêtes tomber brutalement les unes après les autres, tout ça pour un simple film. On ne parle pas d'endormissement, mais bien de tuerie organisée avec de vrais fusils. La scène en question est interminable, et elle fait d'autant plus mal au cœur que les bisons restent là sans réagir, alors que leurs voisins se prennent une balle en pleine tête.

Le long métrage s'achève dans les plaines enneigées du Dakota, et si les images sont belles, elles ne peuvent enlever le goût amer qui nous reste dans la bouche lorsque le générique de fin apparaît.
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le 12 mai 2012

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