Western et drame historique atypiques, "La dernière chasse" dénonce, à travers l'opposition de deux associés chasseurs de bisons, le génocide que fut la conquête de l'ouest.
L'un, S. Granger, élevé parmi les indiens, chasse par nécessité et à contre-coeur, l'autre, R. Taylor, avec délectation et appât du gain.
"Le bison est tout pour les indiens; Il est la nourriture, les vêtements, le toit" dit dans le film L. Nolan alias "Jambe de bois". Il est la protection physique bien sur mais aussi spirituelle d'indiens personnalisés par ce jeune qui vient troquer avec dignité et honnêteté la peau du bison blanc sacré .
Le propos de R. Brooks est limpide et l'on assiste avec effroi au massacre (réel) de ces symboles, chaque bison qui s'affale condamnant inexorablement des milliers d'amérindiens et leur culture.
Des scènes d'une rare violence, auxquelles s'ajoute le viol systématique de la jeune squaw captive, souillure du trophée de guerre dans une quasi indifférence normalisée.
Je ne me souviens pas d'un western de cette époque, pourtant considérée comme pro-indienne, dans lequel "l'homme blanc" n'apportait rien sinon la destruction. Ici la civilisation est incarnée par un saloon miteux dans lequel S. Granger tente de se laver des atrocités précédentes, saloon rempli de bouseux alcoolisés et grégaires, de putes fanées et grossières. Aucun salut, aucun progrès ne peuvent en ressortir, la conquête n'est que l'anéantissement inéluctable et cruel de toute une civilisation .
Si R. Brooks s'en sort très bien dans le propos, direct et sobre, j'aurais préféré une forme un peu plus flamboyante. A sa décharge, il n'est aidé que par un Robert Taylor possédé, le reste du casting, Granger compris, me semble plus anecdotique.
"La dernière chasse" n'en reste pas moins un très bon film, réquisitoire sévère et implacable contre la légende de la conquête de l'Ouest. Et malgré une happy end de rigueur, tout ceci est bien dérangeant et d'une grande tristesse.