On a connu l'autrice et réalisatrice Monia Chokri et son actrice principale (ici alter-ego) Anne-Elizabeth Bossé par le même Les Amours Imaginaires de Xavier Dolan dans lequelle l'une joue une des membres du trio amoureux du film et l'autre vient ponctuer l'histoire de commentaires sur la vie sexuelle de sa génération, drôle et piquante.


S'inscrivant toujours dans le Montréal jeune et bobo, le premier film de Monia Chokri est lui aussi une exploration relativement autocentrée de cette génération et de son rapport à la vie et à l'amour. Oui, la quête existentielle de la trentenaire urbaine est un sujet vu et revu mais l'angle d'attaque et l'idée du film est de la développer à travers la relation de frère et sœur très intense qui existe entre Sophia et Karim, incarné par le très drôle Patrick Hivon. Par les jeux développés, les sentiments extrêmes et le franc-parler complice dont les deux font preuve, on croît complètement à cette relation qui pue l'autobiographie à plein nez.


Aussi, en opposition à la filmographie de Dolan et notamment aux Amours Imaginaires cité plus haut dont il emprunte pourtant certains codes esthétiques (omniprésence d'une B.O. très réussie, couleurs vives, plan très composés et ludiques), La Femme de mon frère est une vraie comédie assumée. Monia Chokri y développe une belle maîtrise du rythme et du comique de situation avec des personnages principaux plein de reliefs et forts en gueule, aux caractères tranchés mais rarement unidimensionnels. Les échanges sont souvent drôles et assez touchants par leur vérité.


Très nombreux, les personnages secondaires forment une galerie de portraits grinçants que le personnage de Sophia va croiser dans son errance. Tournés en ridicule de façon bien plus gaguesques, ils offrent des séquences plus proches du sketch, basées sur la confrontation entre l'acariâtreté de la protagoniste et la caricature qui lui fait face.


En mettant en scène avec beaucoup d'auto-dérision une famille fantasque, Monia Chokri réussit un premier film drôle et très dans l'air du temps même si elle reste coincée dans son microcosme urbain et éduqué, ce qui peut lasser, et qu'elle ne traite finalement qu'en surface de son sujet initial qu'est la spécificité de la relation entre frère et sœur.

Mafelele
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le 26 avr. 2021

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Antoine Maf

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