Qui n'a jamais été attiré par une femme dans un magasin ou un lieu public, n'a pas osé l'aborder, le regretter par la suite même si on se dit pour se consoler que de toute façon on avait 99,99/100 de chance de se prendre un sacré râteau, mais il y a toujours ce fichu 0,01/100 qui vous triture l'esprit... Bon, pour notre protagoniste, là ça devient carrément franchement une obsession grave. Et tant pis si sa vie professionnelle est passionnante, et tant pis s'il a près de lui une femme amoureuse, qui en plus ferme gentiment les yeux sur ses infidélités, c'est une obsession que cette femme en bleu...
La dernière apparition de Simone Simon au cinéma dans le rôle d'une tenancière d'un bordel de luxe, un plan de la Tour Montparnasse alors en pleine construction, et puis un petit moment de grâce sur le magnifique Trio n°2 opus 100 de Franz Schubert, voilà ce que je retiendrai de ce film de Michel Deville qui m'a laissé sur ma faim.
Déjà, il faut suivre le protagoniste le plus agaçant et inconsistant qui soit. Mais un scénario creusé aurait pu malgré tout le rendre attachant, or le scénario n'est nullement creusé, on reste pratiquement tout le temps à la surface des choses à quelques petites exceptions près comme le moment troublant où le protagoniste raconte qu'il a rêvé son suicide, qui ramène à la séquence d'introduction, ou encore l'attitude du personnage joué par Léa Massari dans quelques scènes qui le rend, lui, attachant.
Mais autrement, le réalisateur se contente de filmer le protagoniste courir dans tous les sens dans la capitale ; de confectionner un véritable puzzle chronologique sans que ce soit justifié, sauf peut-être pour essayer de cacher le vide qui règne ici ; à l'exception de la maîtresse amoureuse, aucun personnage, protagoniste et secondaires, n'est approfondi ne serait-ce un peu. Dommage car le sujet avait un beau potentiel du point de vue scénaristique et de celui de la profondeur.