Pierre aperçoit dans la rue une jeune femme en robe bleue et cette vision fugitive hante désormais ce séducteur et mélomane dont la recherche illusoire et vaine de l'inconnue est comme la quête d'un absolu de beauté.
Mais puisque la femme en bleu introuvable a les traits de son maîtresse Aurélie, Pierre ne poursuit-il pas une chimère et un idéal qui n'existe que dans son esprit? Michel Deville réalise une comédie sentimentale dont la fantaisie -atténuée par moments par le sentiment d'impuissance et la détresse de Pierre confronté à l'impossible rencontre- provient du personnage, insatisfait et insaisissable de Michel Piccoli, comme de la mise en scène légère et astucieuse de Deville. On aime ses effets de montage qui confèrent au récit son originalité mais aussi une sensation d'irréalité cocasse et de verve.
La musique (Schubert et Bartok) tient une place importante, tant dans la vie de Pierre que dans l'accompagnement du récit. Elle caractérise un homme épris de beau et de mystère, tout autant qu'elle donne le ton de l'histoire et des sentiments de Pierre, enjouée ou mélancolique (Schubert), grave et puissante (Bartok). Enfin, ce joli ensemble est complété par la remarquable composition, tour à tour joyeuse et soucieuse, de Michel Piccoli.