Le film est né de l’idée de faire un beau coup commercial en faisant interpréter à Brigitte Bardot le rôle de Conchita Perez, la séductrice du célèbre roman de Pierre Louÿs, La femme et le pantin. Ce genre de projet n’augure presque toujours rien de bon. La productrice du film voulait au départ en confier la réalisation à Luis Buñuel mais celui-ci, bien que très intéressé par le roman (il l’adaptera plus tard sous le titre Cet obscur objet du désir, son dernier film, qui est un chef d’œuvre ) ne veut pas de Brigitte Bardot. On propose alors l’affaire à Julien Duvivier, alors un peu au creux de la vague qui accepte la commande bien que le roman ne l’intéresse pas et qu’il n’aime pas Bardot.
Il en ressort que le film, sans être catastrophique n’est pas très bon et Duvivier lui-même ne l’aimait pas du tout. Comme il ne s’intéressait ni à l’intrigue, ni à ses deux acteurs principaux (Bardot et Vilar), il a ajouté et donné de l’importance à plusieurs personnages secondaires qui ne sont pas dans le roman. Pire, le film ne dégage aucune sensualité ce qui est un comble ! On a plus ici un drame bourgeois qu’une sulfureuse relation passionnelle et le roman est plus que trahi.
Que peut-on sauver ? La beauté naturelle de Bardot qui reste frappante malgré l’absence de sensualité du film et bien qu’elle ne convienne pas du tout au personnage d’une danseuse espagnole ce qui oblige d’ailleurs Duvivier à en faire la fille d’un émigré français réfugié en Espagne après la guerre parce qu’il a collaboré avec les allemands. On peut aussi apprécier un beau travail sur les couleurs qui sont flamboyantes bien que cela soit parfois à la limite du kitsch.