Histoire d'addictions multiples, La fête est finie retrace le parcours de deux jeunes femmes, Céleste et Sihem, qui vont trouver dans leur rencontre en centre de désintoxication la force nécessaire à leur survie. Point d'angélisme pour autant : il ne s'agit nullement d'expliquer qu'une amie peut être la solution à tous les problèmes. Mais seulement de montrer qu'un petit coup de pouce, une oreille attentive peuvent changer la donne.
Avec ce premier long-métrage, Marie Garel-Weiss, qui confie avoir connu addiction et centre de désintoxication, plonge le spectateur dans un film âpre, mais non dénué d'espoir. La réalisation sans fioritures sert le combat des deux femmes contre leur dépendance : douce lors des moments de répit ou de joie fugace – lorsqu'elles trouvent leur studio, dansent en boite de nuit ou se régalent de sandwichs grecs – pour redevenir plus sèche, plus fermée quand Céleste et/ou Sihem replongent et que leur horizon s'obscurcit. Leur combat contre la drogue, cette addiction tenace car répondant à leur besoin d'oublier ce monde trop dur dans lequel elles vivent, se fait par à-coups. Des premiers moments au centre de désintoxication, avec ses règles tellement strictes qu'elles ne trouvent d'autres solutions que de s'enfermer dans une amitié fusionnelle pour se sentir encore vivre, aux retrouvailles avec leurs familles – une mère défaillante pour l'une ; une famille soudée et aimante pour l'autre mais qui en demande peut-être trop –, rien n'est facile. Elles s'accrochent l'une à l'autre pour tenter de s'en sortir, mais gare à la fusion émotionnelle, qui peut s'avérer aussi nocive que n'importe quelle addiction.
Si le film n'échappe pas à quelques facilités, notamment l'ellipse temporelle permettant de présenter une Céleste "guérie", avec un emploi fixe et un appartement à la clé, il n'en reste pas moins un premier essai réussi. Un résultat qui doit beaucoup à ses deux actrices principales : Zita Hanrot, remarquée dans le magnifique Fatima de Philippe Faucon et que l'on retrouvera en fin de mois dans Carnivores de Jérémie et Yannick Renier, est formidable d'obstination altière. Face à elle, la débutante Clémence Boisnard accroche la pellicule et transmet une rage de vivre quasi animale à son personnage. Un film optimiste malgré un sujet qui aurait pu être plombant, qui donne envie de se battre envers et contre tout. De (sur)vivre, tout simplement.
Publication originale sur likeinthemoviesblog.wordpress.com