Alors, Lise est-elle innocente ou coupable, cette adolescente de 16 ans, jugée 2 années après l'assassinat de sa meilleure amie ? Quand Mélissa, Guers, qui joue le rôle de la jeune accusée, a posé la question à son metteur en scène, Stéphane Demoustier, ce dernier lui a répondu que c'était à elle de décider et de garder son choix secret. La fille au bracelet, malgré son titre, ne raconte pas la vie d'une jeune femme en attente de son passage au tribunal mais bel et bien son procès, tourné d'une manière sobre et intense, sans cesser de se poser la question de la culpabilité ou non de Lise, avec des arguments à charge mais en gardant le plus de neutralité possible pour ne pas influencer le verdict que chaque spectateur sera nécessairement amené à délivrer in fine, en son âme et conscience. Les scènes de procès occupent donc la majeure partie du film, en cherchant l'authenticité et sans aucun effet spectaculaire. C'est louable mais la mise en scène de Demoustier manque tout de même de dynamisme et se rapproche plus d'un Cayatte que d'un Lumet, pour citer deux références parmi d'autres. Inspiré par un film argentin récent, Acusada, La fille au bracelet s'intéresse aussi à l'univers familial pris dans une tourmente judiciaire et à l'incompréhension entre des parents qui découvrent que leur fille est très différente de celle qu'ils croyaient connaître. Ce n'est pas pour autant la condamnation d'une nouvelle génération dont la liberté de mœurs demeure incompréhensible pour celles qui les a précédé mais un constat que le fossé existe et n'est pas facile à combler. Dans son premier rôle, Mélissa Guers joue à la perfection l'insensibilité et même la passivité qui fait d'elle une énigme. Alors, Lise est-elle innocente ou coupable ? La réponse est dans le dénouement de La fille au bracelet. Ou peut-être pas.