Chabrol s'introduit dans une famille bordelaise, nouvel avatar de cette bourgeoisie de province dont le cinéaste a si souvent raillé les moeurs. Il y a la vieille tante ressassant un souvenir douloureux et peu glorieux de l'Occupation, le pharmacien volage et sa seconde épouse briguant la mairie sur fond d'élections municipales nauséeuses; il y a aussi leurs enfants respectifs commettant un inceste de cousinage. De quoi annoncer un corrosif jeu de massacre...
Toutefois, les petits secrets de famille, l'hypocrisie et les comportements douteux- l'ordinaire de la bourgeoisie selon Chabrol- ont ici l'apparence de l'artifice. Sur ces dispositions familiale et morales, Chabrol tisse en effet une histoire sans relief ni saveur dont le seul but semble d'amener un dénouement brutal. Misen en scène maladroite, personnages discursifs, la façon de Chabrol est trop explicite, voire démonstrative, pour que le sujet offre de quelconques surprises ou une réelle atmosphère délétère. Bavard et vain, doté de dialogues parfois franchement médiocres, ce film au rythme "planplan" fonctionne à l'ordinaire et aux clichés sur un ton d'ironie assez complaisant. Mélanie Doutey et Benoît Magimel passent leur temps à se bécoter et à juger leurs parents indignes; Nathalie Baye fait du porte-à-porte électoral avec un cynisme convenu et Bernard Le Coq joue les quinquas séducteurs communs.
Le propos est ennuyeux, inoffensif parce que bien peu caustique, et on est loin des meilleures satires de moeurs de l'auteur.