Tristesse du jour, les souvenirs d’une merveilleuse séance de cinéma à découvrir ce Lubitsch méconnu font place à une légère et très relative déception à la revoyure sur petit écran, tant il est vrai que les petits défauts disparaissent vite sur le grand.
Les hurlements hilares dignes d’un forcené à Bicêtre ont laissé place à un sourire attendri mais le principal reste là, le délicat bonheur d’assister à une sorte de Wodehouse made in Hollywood, avec petit manoir anglais, domestiques grande époque et squatteur de haut vol....
Alors oui, la petite Jennifer est toujours bien mignonne en Cluny Brown, même si sa candeur outrancière appelle un traitement postério-tactile à grands cris, mais les termes de son arrangement avec un Charles Boyer de gala sont incompréhensibles, je sais bien qu’il faut avancer dans l’histoire, mais déjà que le personnage principal est un peu trop vite écrit, un peu de rigueur de-ci de-là n’aurait pas gâché l’ensemble…
Il n’empêche, même écrit avec les pieds, le personnage du professeur Belinski devient absolument ravissant sous l’accent inimitable du grand Charles et on se prend de tendresse pour ses tentatives d’escroquerie légère, son amour pur et tendre pour les brunes jeunettes et sa façon irrésistible de se rendre indispensable même en parasite.
Il y a en particulier une scène de séduction absolument ravissante dans la chambre à coucher d’une autre brune particulièrement plus vivace que la précédente et qui permet de se moquer gentiment à la fois de la psychanalyse et des vieux garçons à la tuyauterie qui les démange…
Gageons néanmoins que cette petite merveille saura, comme Artobal nous en prévient, remettre la jeune Soci sur le droit chemin cinématographique, celui qui traverse la campagne anglaise pour les demeures ancestrales et non pas l’urbanité des mégalopoles vers des buildings explosant sous les pas de bellâtres capés…