Tristesse du jour, les souvenirs d’une merveilleuse séance de cinéma à découvrir ce Lubitsch méconnu font place à une légère et très relative déception à la revoyure sur petit écran, tant il est vrai que les petits défauts disparaissent vite sur le grand.

Les hurlements hilares dignes d’un forcené à Bicêtre ont laissé place à un sourire attendri mais le principal reste là, le délicat bonheur d’assister à une sorte de Wodehouse made in Hollywood, avec petit manoir anglais, domestiques grande époque et squatteur de haut vol....

Alors oui, la petite Jennifer est toujours bien mignonne en Cluny Brown, même si sa candeur outrancière appelle un traitement postério-tactile à grands cris, mais les termes de son arrangement avec un Charles Boyer de gala sont incompréhensibles, je sais bien qu’il faut avancer dans l’histoire, mais déjà que le personnage principal est un peu trop vite écrit, un peu de rigueur de-ci de-là n’aurait pas gâché l’ensemble…

Il n’empêche, même écrit avec les pieds, le personnage du professeur Belinski devient absolument ravissant sous l’accent inimitable du grand Charles et on se prend de tendresse pour ses tentatives d’escroquerie légère, son amour pur et tendre pour les brunes jeunettes et sa façon irrésistible de se rendre indispensable même en parasite.

Il y a en particulier une scène de séduction absolument ravissante dans la chambre à coucher d’une autre brune particulièrement plus vivace que la précédente et qui permet de se moquer gentiment à la fois de la psychanalyse et des vieux garçons à la tuyauterie qui les démange…

Gageons néanmoins que cette petite merveille saura, comme Artobal nous en prévient, remettre la jeune Soci sur le droit chemin cinématographique, celui qui traverse la campagne anglaise pour les demeures ancestrales et non pas l’urbanité des mégalopoles vers des buildings explosant sous les pas de bellâtres capés…
Torpenn
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 15 Films Ancillaires, Top 15 Films réalisés par Ernst Lubitsch, Top 15 Films d'Instruments de Musique, Top 15 Films d'Outils et Top 15 Films d'Anniversaire

Créée

le 1 juil. 2013

Critique lue 1K fois

31 j'aime

7 commentaires

Torpenn

Écrit par

Critique lue 1K fois

31
7

D'autres avis sur La Folle Ingénue

La Folle Ingénue
Sergent_Pepper
9

Lubitsch, ton univers imparable.

Lubitsch est un univers singulier qu’on retrouve avec un plaisir croissant à mesure qu’on en fait la connaissance. Un monde sur lequel les protagonistes posent leur regard iconoclaste dans un grand...

le 14 juin 2014

47 j'aime

9

La Folle Ingénue
Docteur_Jivago
9

Quel régal !

Alors qu'elle ne rêve que d'être plombière comme son oncle, la jeune Cluny Brown prend sa place pour réparer un évier et fait par la même occasion la rencontre d'un jeune et séduisant émigré.....

le 29 avr. 2015

39 j'aime

11

La Folle Ingénue
Artobal
10

La Soci était du spectacle

L’amour que je porte à ce film n’a d’égal que mon regret qu’il ne soit pas visible par tous, et en particulier par Socinien, brebis égarée qui trouverait dans cette étoile brillante la douce lumière...

le 17 juin 2013

35 j'aime

50

Du même critique

Into the Wild
Torpenn
5

Itinéraire d'un enfant gâté

A 22 ans, notre héros, qui a feuilleté deux lignes de Thoreau et trois pages de Jack London, abandonne sans un mot sa famille après son diplôme et va vivre deux années d'errance avant de crever comme...

le 17 nov. 2012

471 j'aime

181

Django Unchained
Torpenn
4

Esclavage de cerveau

Aussi improbable que cela puisse apparaître à mes lecteurs les plus obtus, j’aime bien Tarantino, je trouve qu’il arrive très bien à mettre en scène ses histoires, qu’il épice agréablement ces...

le 22 janv. 2013

395 j'aime

174

Le Parrain
Torpenn
10

Le festival de Caan...

Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé. Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics...

le 6 janv. 2011

366 j'aime

131