A bien des égards, 'The Shape of Water' est une déception. Si le visionnage n'est pas déplaisant, l’œuvre ne convainc sur aucun tableau.
La faiblesse de l’œuvre de Guillermo del Toro réside avant tout dans son récit faiblard. Non seulement le scénario est franchement bancal (l'évasion à la facilité déconcertante, le dénouement sans intensité), mais la dimension émotionnelle du film ne fonctionne jamais. La romance entre la femme de ménage muette et la créature aquatique est expédiée et n'est jamais mise en difficulté. Dans ces conditions, difficile de ressentir une véritable empathie pour les personnages, et le message du film pour l'acceptation des différences tombe à l'eau.
C'est particulièrement dommage, dans la mesure où il y était largement possible d'élaguer le récit pour faire de la place à une histoire d'amour correctement écrite : les passages au dinner, la vie privée de Strickland et les affaires des espions russes sont autant de sujets qui rythment le film mais n'y apportent strictement rien.
L'argument qui aurait du sauver 'The Shape of Water', c'est la réalisation. Si la scène d'ouverture est très prometteuse, force et de constater que la mise en scène est finalement très banale. Seuls quelques rares plans aqueux sortent de l'ordinaire (une transition dans une goutte d'eau, les étreintes aquatiques des deux amants) et la touche de Guillermo del Torro consiste ici à jouer sur son côté trash, pas forcément du meilleur goût dans le contexte (les scènes de masturbation complètement hors de propos, les scènes de nus sans sensualité). Heureusement, les effets spéciaux sont parfaits, et la créature est saisissante de réalisme.
En ce qui concerne la bande-originale, les motivations du réalisateur ne sont pas très claires. On a le sentiment que l’œuvre cherche à surfer sur la vague de 'La La Land' en intégrant les mêmes références à l'âge d'or d'Hollywood: claquette, comédie musicale, bande-originale omniprésente et appuyée. Ces procédés tapes à l’œil ont peut-être convaincu une nouvelle fois les jurys, mais il sont difficilement justifiables dans le cadre du récit.
Enfin, le casting porté par Michael Shannon et Sally Hawkins ne convainc pas outre mesure.
Évidemment, la plus grosse déception restera celle des fans de 'Hellboy', qui croyaient enfin tenir leur spin-off sur le personnage d'Abe Sapien.