On ressent d’emblée une gêne face à Shape of Water : vient-elle du filtre sur l’étalonnage ou de la musique diligentée par une horde d’accordéons ? Del Toro semble décalquer à main levée Amélie Poulain de Jeunet, à qui il a d’ailleurs repompé certains plans de Delicatessen.
La mise en scène déploie une maestria esthétique mais jamais de mystère. Sa créature en pâtit et, malgré deux belles scènes (lorsque la baignoire redéborde et lors de la mini-comédie musicale en noir et blanc), sa romance avec l’héroïne ne décole jamais. L’auteur érige le mutisme de celle-ci en argument symbolique. Pourquoi pas mais ce propos discret ne pallie pas l’indigence du scénario ni l’artificialité des protagonistes, manichéens au possible.