D'entrée, on est saisi par la beauté qu'a su donner Anatole Litvak à l’œuvre, que ce soit par le somptueux noir et blanc qu'une ambiance particulièrement sombre mais remarquablement rendue par une mise en scène maitrisée au millimètre. Litvak a su remarquablement associer le fond et la forme, où l'on pourra seulement regretter une ou deux scènes assez excessives, que la psychanalyse en patisse légèrement et que le
"happy end"
ne soit pas forcément convaincant : qu'importe : ce dernier s'avère émouvant et sonne paradoxalement assez juste, grâce peut-être justement à cette émotion contrôlée de la part de Litvak.
Le reste est irréprochable, tant par la construction très intelligente et même assez brillante d'un scénario nous faisant passer par tous les états. Si le discours "les fous le sont moins que certains humains" peut parfois irriter, c'est très loin d'être le cas ici, l'ensemble étant parfois empreint de poésie et de scènes assez grandioses, témoignage d'un enfermement physique et mentale implacablement mis en images. De plus, les flashbacks s'avèrent pour l'occasion d'une réelle utilité et assez judicieux dans leur narration. Dans ce rôle fort complexe, Olivia de Havilland est bouleversante et livre une prestation de premier ordre. Une grande réussite, non sans quelques légers défauts, dont une légère tendance au manichéisme, mais tellement puissante qu'elle ne peut qu'emporter l'adhésion. Remarquable.