La Garçonnière part tambour battant. Ca respire le vau-de-ville, les répliques fuses à un rythme effréné et petit à petit l'esprit change. Petit à petit le personnage de C.C. Baxter prend de l'épaisseur. D'une caricature du gentil looser un peu "trop bon trop con", le trait s'affine et s'enrichit pour faire le portrait d'un homme solitaire résultat de la déshumanisation de la société américaine. Ce qui se présente alors comme une romcom typée Screwball comedy ralentit légèrement son rythme pour prendre soin de traiter la solitude d'un homme ("I said I had no family. I didn't say I had an empty apartment") et de tirer à boulets rouges sur l'American Dream. C'est grâce à son immoralité complice que C.C. Baxter s'élève au sein de l'entreprise et c'est sur le constat cynique que le choix moral lui coute son poste que s'achève sa carrière. Wilder réalise là une très grande comédie, très intelligente et à mon sens supérieure à "Certains l'aiment chaud". Réalisation maîtrisée avec notamment cette vision exagérément gigantesque de l'open-space qui a sans doute inspiré Jacques Tati pour Playtime, acteurs parfaits (Jack Lemmon, Shirley McLane, Fred MacMurray), la seule chose que je pourrais reprocher à ce film c'est la vision de la femme un brin machiste. Critiquant pourtant ces patrons machos qui emmènent leurs conquêtes dans cet appartement, Wilder n'a pu totalement s'extraire de l'esprit de son temps. Ainsi Fran Kubelik est quand même le symbole de la femme faible, dépendante et toujours associée à un homme. C'est un tout petit peu dommage. Well... nobody's perfect !
Un excellent film à voir et à revoir.