La thèse de la dualité du Légo : c'est super génial !

Lorsqu'au bout de cinq minutes de film d'animation on a une cruelle envie de se tourner vers son voisin pour lui demander si on vend vraiment ça comme un film destiné à un public d'enfants, l'essentiel du chemin est fait. Donc... C'est un film pour les enfants, ça ? Non ! Ou alors, c'est sorti tout droit des cerveaux des géniaux auteurs de Téléchat, Roland Topor en tête ! Pour ceux qui auraient oublié, c'était alors qu'ils étaient penchés sur les plans de construction en 3D isométrique à assembler leurs modèles Légoland ou Légo Espace que l'émission sévissait sur les chaines publiques. On avait donné carte blanche à des surréalistes pour éveiller intelligemment la curiosité des plus jeunes...

Curieux retour des choses une vingtaine d'année après, avec cet audacieux film d'animation qui ne se prend jamais au sérieux, et qui pourtant distille quelques piques acerbes contre une société contemporaine policée, politiquement correcte et débarrassée de tout recours à la créativité, à l'imagination, à l'inspiration... aux arts. Le personnage principal du film est vide de tout. Il ne pense plus et se contente de suivre les instructions qui promettent un bonheur standardisé et facile. Ça ne vous rappelle rien ? Mais siiii ! Pensez à toutes ces belles affiches en 4:3 qui tapissent vos stations de métro... Pensez à votre dernière soirée télé... Pensez à la boisson que vous allez aller chercher dans votre frigo dans une minute pour achever la lecture de cette critique en étanchant votre soif naissante ! Vous saisissez, ça y est !? Tout cela tient en un seul mot : conditionnement !

Le Légo, c'est tout ça : c'est à la fois le modèle à suivre, bien équilibré, bien calculé, bien pensé, qui vous faisait tant envie quand vous étiez petit, et cette invitation à construire votre propre univers. La dualité même ! Et le film ne gâche absolument rien. Ce qui pouvait être perçu comme un spot publicitaire démesuré destiné à faire se ruer les gamins dans les magasins de jouets cache en réalité une vraie création délirante pour grands enfants nostalgiques, certes, mais avec une pensée évoluée, aptes à saisir la nuance. L'humour est finement ciselé, le film joue sans cesse avec les grands clichés (bon flic, mauvais flic, génie du mal, prophétie, super héros, casse, infiltration) et les références (Matrix, Batman, Seigneur des Anneaux...).
Au final, nous avons un conte parfaitement dosé, qui réussit l'incroyable mariage de tout conte qui se respecte : il émerveille autant qu'il donne à réfléchir, tout en poussant son héros insignifiant, auquel on s'identifie instantanément, à s'accomplir à travers des épreuves démesurées, histoire de prouver que tout le monde peut-être quelqu'un de spécial.

Super Génial !
Pacomm
8
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Créée

le 20 mars 2014

Modifiée

le 30 avr. 2014

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Pacomm

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