La Grande Aventure Lego est un coup de génie niveau marketing : prévu sous l'angle de l'hommage à l'enfance de plusieurs générations, il constitue l'un des plus vastes (si ce n'est le plus grand) spots publicitaires passés un jour au cinéma. Propice à de la pub de tout l'éventail de jouets estampillés Lego, il parvient même à rendre l'adaptation logique et intéressante, pleine de beaux sentiments et de passages désarçonnants.
Riche de ses personnages hauts en couleurs, il semble avoir compris tout ce qui faisait la sève de nos journées à monter et casser des briques, entre ouvriers figurants et super-héros de toutes sortes. Alors on sourit devant un si bel hommage, fourni de références par paquets de douze et de belles paroles s'écoulant comme des litres de fluide sur une fontaine de sky.
Très bien écrite, cette Grande Aventure part d'un postulat de base très simple pour en faire une leçon de vie certes classique et naïve, mais d'autant plus pertinente qu'elle colle parfaitement à l'état d'esprit que l'on pouvait avoir étant enfants (avec un Will Ferrell détestable). Malin et bien pensé, ce premier film non dtv de la license Lego promet le meilleur pour la suite au niveau références et nostalgie avec, on l'espère, une rencontre des Lego d'encore plus de sagas différentes (notamment les Marvel et DC).
Outre son écriture, il est aussi visuellement magnifique, donnant des cours d'éclairage à n'importe qui en aurait besoin (Captain Underpants, par exemple). Beneficiant d'un budget conséquent, il se permet un maximum de folie, alternant animation 3D irréprochable à des prises de vue réelle filmée entre la réussite et le fade, sans travail de photographie réellement marquant.
Et si l'on sent que les deux réalisateurs sont beaucoup plus à l'aise avec l'animation, c'est qu'ils viennent à la base de Clone High et Tempête de boulettes géantes; expérimentés à la fois dans l'humour et le dessin animé, ils amènent une nouvelle manière d'aborder le genre cinématographique, notamment dans une dynamique des mouvements saccadée et proche de ce que l'on pourrait faire en prenant, photos après photos, nos Lego avancer d'une case à l'autre.
Et si l'on louera les jeux d'ombre et de lumières sublimes (les rayons de soleil sont d'une beauté incomparable), n'oublions pas la portée originellement mercantile de l'oeuvre, qui sous couvert de nostalgie a trouvé le filon idéal à exploiter pour rentabiliser une licence déjà bien assise dans le marché du divertissement mondial.
Idée de génie que voici, contenter autant les producteurs que les spectateurs en leur donnant plus que l'adaptation qu'ils souhaitaient, alliant à l'hommage un talent de mise en scène, d'écriture et de caractérisation des personnages (le Batman est fantastique) suffisamment conséquent pour que reste en tête, une fois le film achevé, l'impression d'avoir plus vu un film d'animation à thème qu'un simple produit de promotion d'anciennes et nouvelles collections de jouets. Un tour de force parvenant à nous faire réclamer assidument une suite aux aventures de ces joyeux zéro, avec hype et malice. En attendant, tous à vos Lego pour l'imaginer, puisqu'il semble qu'elle ne viendra pas avant 2019.