Le titre du film et la présence d'Alberto Sordi laissent envisager une comédie de la guerre, un genre où, d'ailleurs, excelle le cinéma italien des années 60 ("La grande guerre" de Monicelli, "La marche sur Rome" de Dino Risi).
De fait, l'incompréhension et le désarroi de l'officier italien qu'incarne Sordi, au moment où l'Italie mussolinienne obtient l'armistice au détriment de son allié allemand, prêtent à sourire. Toutefois l'ambition de Luigi Comencini n'est pas tant de raconter le destin tragi-comique du lieutenant Innocenzi dans une Italie effectivement en pleine pagaille que de décrire le drame d'un pays décomposé et désormais subissant la barbarie allemande.
Le périple de l'officier et de ses quelques compagnons d'infortune provoque la rencontre avec une population italienne promise à l'exode, à la misère et aux représailles de l'ancien allié. Un drame comparable à celui de la France occupée que Comencini, en quelques scènes cruelles (celle notamment où des citadins indigents dépouillent Innocenzi des sacs de farine qu'il transporte) relate, dès lors, sans la forfanterie de Sordi mais avec un souci de réalisme et de vérité historique évidents.