En France on ne sait pas faire des films de genre de qualité (ou alors je n'en ai pas souvenir). Une fois ce pré-requis posé, nous pouvons nous pencher avec toute la mansuétude nécessaire sur ce petit film de zombies bien de chez nous.
Pas simple d'égaler les maitres du suspense sanguinolent et horrifique (Romero, Carpenter, Argento), notamment dans un genre, le film de zombies, dont les codes ont été déclinés ad nauseam ces dernières années. Ainsi, après les zombies rigolos (Shaun of the dead), les zombies amoureux (Warm Bodies), les zombies nazis (Dead Snow) et même les castors zombies (Zombeaver) voici donc les zombies zoulettes de banlieue (ça veut rien dire mais ça sonne bien).
Après une introduction façon série noire de France 2 (diantre que c'est mal joué!) histoire de justifier la suite, on se retrouve enfermés avec une équipe de flics vengeurs dans une tour de banlieue et contraints de faire équipe avec les malfrats qu'ils étaient venus descendre.
Une fois cette esquisse de scénario engagée, les zombies peuvent débarquer en toute sérénité (si je puis m'exprimer ainsi) et bouffer de la chair humaine...enfin pendant un court moment seulement parce qu'à part une ou deux scènes (notamment la réunion "tupperware et tripes fraiches" autour du capot d'une voiture au milieu du film, aussi jolie que ridicule) on les voit finalement assez peu les zombies. On les entend bien en revanche, assez stressants ces cris incessants qui viennent d'on ne sait où...
Et donc, puisque le scénario est pauvre (comme le voudrait le genre), que les zombies (bien trop rapides à mon goût, moi j'aime les zombies lents et stupides, Old School style!) la réussite du film pourrait reposer sur ses acteurs?!! Et voilà pourquoi ça n'est pas une franche réussite, quand on mise tout là-dessus, il faut être sûr de la qualité du casting. Ici seule une petite moitié des protagonistes semble dans son élément : les deux frères nigérians (l'aîné Eriq Ebouaney a un certain charisme et Doudou Masta s'en sort plutôt pas mal), leur compère gitan (Jo Prestia) et le flic (Jean-Pierre Martens) à la voix puissante et aux chargeurs de flingues illimités. Les autres sont des caricatures de flics durs au mal et sans concession ou de vieux fou rescapé de l'Indochine, paranoïaque et armé jusqu'aux dents.
L'erreur parfois commise par certains réalisateurs sur ce type de film c'est de vouloir le traiter comme un film normal où l'intrigue se doit d'être cohérente, mais avec un film de zombies, rien n'est cohérent à la base! Pourquoi chercher à tout prix des péripéties compliquées, souvent mal jouées et mal amenées (quoique la tension suite à la découverte d'un truc pas normal dans la capitale française, ambiance apocalyptique à l'appui, est plutôt intéressante) pour en faire un scénario bancal dont tout le monde se fout?! Faut faire péter des trucs spectaculaires (des crânes de préférence) et rajouter du sang par hectolitres, c'est ce que cherchent les amateurs de zombies, et surtout il faut un casting de mecs un peu crédibles dans leurs excès pour commencer à bien se marrer. Ici l'alliance entre film de flic d'un niveau de série télé et film de zombies ne fonctionne ni dans un sens ni dans l'autre, malgré la bonne volonté d'une partie du casting. A force de se prendre un peu trop au sérieux sans en avoir les moyens, le film passe à côté de l'essence même du film de série Z horrifique, le fun!