Prenez un scénario grotesque certainement écrit sur un coin de zinc au café du Commerce entre deux apéros tant il accumule les stéréotypes de conversation de bistrot. Attention à surtout ne pas assister à de vrais cours dans un vrai lycée professionnel d'un vrai département vraiment difficile comme le 93, par exemple, vous pourriez être influencés par des tendances réalistes qui ne conviennent pas au projet.
Multipliez les personnages caricaturaux : gendarme avec des problèmes de cœur (vraiment savoureux, celui-là), ministre dans la démesure complète qui pourrait faire penser à quelques personnages haut placés de l'état s (hélas un peu trop réaliste), principal encore plus hystérique que les autres, ne respectant plus son devoir de réserve et déballant aux médias les secrets les mieux gardés de l'EN.
Pour rendre ces personnages encore plus ridicules, choisissez un paquet de comédiens sur le retour capables de surjouer ou de jouer faux. Si vous avez du temps à perdre, faites plusieurs prises et montez celles où ils sont les plus mauvais.
Utilisez le vocabulaire à la mode dans l'EN. "Psycho-rigide", par exemple. Un psycho-rigide, c'est quelqu'un qui pose la question suivante : "Dans le règlement intérieur de l'établissement, pourquoi changer 'se ranger' en 'se grouper en ordre' ?", qui insiste pour que les élèves avancent en rang deux par deux, qui leur demande de se tenir droit, leur donne du travail à la maison et insiste pour qu'il le rende dans les temps. Un vrai fasciste, quoi ?
Ajoutez et rapprochez les situations les plus improbables : prof faisant son cours dans la salle multimédia de l'établissement au lieu de le faire dans une classe normale, élèves se mettant à l'écart pour jouer avec un révolver automatique ou pour visionner sur un portable une tournante dont la victime est justement une des autres élèves de cette même classe. Si vous avez déjà atteint l'improbable, cultivez le ridicule : révolver tournoyant d'otage en otage jusqu'à ce qu'on ne sache plus qui retient qui ni qui menace qui. Rajoutez une bonne couche avec un policiers en caleçon et arme à feu cachée dans une caméra.
Faites dans le kitsch le plus larmoyant en insérant un maximum de plans sur les parents des victimes si possible au premier degré autrement dit sans la moindre imagination, ni la moindre subtilité. Un élève de sixième pourrait faire aussi bien avec son portable ? Qu'importe au moins aura-t-il l'impression d'avoir des qualités de professionnels de l'image.
Puisque c'est un téléfilm, n'hésitez pas à imiter autant que vous le pouvez les cadrages, éclairages et montage des plus pâles séries produites par une ancienne chaine de télévision
publique française qui aurait été privatisée. C'est pour Arte ? Faites valoir qu'il s'agit d'un hommage. N’hésitez pas à pousser l'ironie jusqu'à prétendre au plagiat, la culture a besoin de racines.
Faites-vous Césarizé (facile : vous serez à la fois juges et parties).
Trouvez-vous (ou laissez venir à vous) des hordes d'ignorants ne voyant pas plus loin que leur nombril, tous disposés à disserter sur la violence dans le milieu scolaire ce qui détournera leur attention de la médiocrité révoltante de votre écriture, de votre style et de votre réalisation.
Vendez chaud avant que ça se sache.