Film découvert en salle, dans le cadre d'une rétrospective Terrence Malick (institut lumière Lyon)
Une plage, le visage d'un homme dégageant une grande sérénité, puis de très beaux moments de vie partagés au sein d'une tribus malanesienne et deux soldats en bord de plage. Le temps s'écoule paisiblement, je suis contemplatif et dans un état de calme et de sérénité. Arrive un navire de guerre, l'élément qui va bousculer ce qui semble être un petit coin paradis... L'introduction du film est hypnotique, hors du temps, et d'une grande douceur.
S'ensuit une plongée intense au sein du régiment Charlie durant la seconde guerre mondiale, plus précisément la bataille de Guadalcanal entre l'armée américaine et japonaise dans le cadre de la guerre du pacifique. Un petit coin de paradis. Dès lors qu'on quitte la plage la musique s'intensifie, la peur se lie sur les visages (je pense au premier du soldat interprété par Adrian Brody qui est d'une grande justesse et dont le visage dégage une grande appréhension de ce qui va arriver).
D'abord Malick choisit de nous présenter les hauts grandés. Des hommes très carrièreristes, dont le lieutenant colonel interprété par Nick Nolte donne la réplique à son général joué par Jhon Travolta. Ce lieutenant colonel exprime sa rancœur et sa détermination à travers ses pensées en voix off, procédé souvent utilisé dans les films de Terrence Malick. Ce personnage sera déterminant vis-à-vis du déroulé des événements qui suivront.
Place au débarquement, nous allons nous immerger avec ces hommes au sein d'une longue et douloureuse bataille dans un environnement qui semble magique. Les rayons du soleil répondront aux terribles bruit des coups de feu, les hautes herbes bercées par le vent seront tachées de sang et jonchées de cadavres.
Les affrontements sont d'une grandes intensités, la mise en scène est très fluide et le spectateur parcours le champs de bataille dans les hautes herbes ou bien dans la jungle, la caméra semble portée par une brise de vent.
Terrence Malick nous plonge dans les affres de la guerre en mettant en opposition certains protagonistes. Des engagements moraux et professionnel (le lieutenant colonel qui veut absolument suivre son plan initial ; le soldat Bell qui prend le leadership pour partir en éclaireur) sont en opposition à l'amour et la protection des siens (le capitaine qui refuse d'envoyer son équipage à l'assaut jugeant qu'ils vont tous périr ; l'acte héroïque du sergent caporal interprété par Sean Penn qui va donner de la morphine à son camarade pour que sa mort soit moins atroce).
Durant le film chaque protagonistes, interprété par des acteurs de renoms dont Malick semble leur demander le minimum, vit et ressent cette guerre à sa manière. Les affects de chacun sont exposés et accentués par leur pensée intérieur. La souffrance vis-à-vis d'une mort qui les côtoie à chaque instant s'exprime ainsi d'une manière différentes selon chaque individu. Chacun trouvant refuge à sa manière pour oublier la mort. Certains font appel à l'amour, d'autres plus fatalistes n'y voient aucune issues, quand les plus cyniques pensent à la carrière et aux décorations qu'ils recevront pour donner du sens aux actes commis.
Cette plongée dans l'humanité du monde (humanité des Hommes, et la beauté de la nature) qui font face à l'inhumanité de la guerre est d'une grande justesse et très intéressante à suivre. J'ai aimé le film principalement sur cet aspect la. Outre cela, les séquences d'affrontement sont plaisantes à suivre et très intense. Le son est brutal, l'action précise. Le film prend son temps, la progression des soldats est fastidieuse. Cette guerre, inutile, est sur le champs de bataille. Et dans les âmes.