Ici, quand on pense à l’Iran, on pense à la dictature islamique, à la condition des femmes, ou bien, dans une perspective historique, à ses rapports avec l’Irak et l’Occident. Mais il n’y a pas que ça. En effet, en Iran, il y a le crack, problème de santé public majeur (10% des iraniens sont des consommateurs réguliers, d’où le titre international du long métrage, Just 6,5, en référence aux 6500000 personnes que cela représente), auquel le gouvernement apporte une solution aussi radicale que visiblement inefficace : la détention du produit, quelle qu’en soit la quantité, est systématiquement passible de la peine de mort. Et dans ce contexte, on a ici un thriller policier brut de décoffrage, qui ne relâche jamais la pression sur ses personnages : l’épée de Damoclès pesant sur les truands étant la mort, il n’y a aucune limite aux solutions envisagées pour tenter d’échapper à la corde : convaincre un lieutenant de prendre la responsabilité, faire tomber le policier d’en face ou bien trouver un vice de procédure dans la très touffue bureaucratie iranienne. Et cela constitue un ressort dramatique évident, d’autant plus lorsqu’il est servi par une mise en scène très crue, presque documentaire en même temps qu’elle est extrêmement forte, et ce dès la scène d’intro, programmatique de ce qui va suivre : un dealer poursuivi par la police, qui finit enterré vivant en tentant de se cacher, un certain symbole du message politique du film, qui ne prend jamais parti pour les policiers ou pour les dealers. De fait, on rentre en communion avec chaque personnage, et on pénètre leur angoisse, car pour celui qui perd le duel, c’est au mieux la prison, et au pire, la pendaison, ce qui, avouons le, n’est pas très sympathique.