Voilà une vraie surprise que je ne serai probablement jamais allé voir si je n'avais pas vu autant d'avis positif. La Loi de Téhéran est un thriller qui a rencontré un vrai succès en Iran et qui s'éloigne amplement du cliché du film d'auteur qu'on a l'habitude de voir en France. Le tout jeune réalisateur Saeed Roustayi y dépeint la lutte contre le trafic de drogue dans un microcosme surpeuplé, prêt à imploser. En Iran, la peine de mort est de rigueur pour toutes possessions de substances illicites, mais ça n'empêche pas une surconsommation de 6,5 millions de personnes. Sous un angle on ne peut plus réaliste et presque documentaire, on suit le dédale d'un flic à la brigade des stupéfiants qui parvient à retrouver la trace d'un baron de la drogue, mais leur confrontation va s'avérer épique. Sans artifices, ce polar frappe fort en disséquant une population rongée par la corruption et ravagée par l'usage de drogues dures. Le constat social est aberrant de vérité et de cruauté tandis que le suspense est mené tambour battant, sans temps morts. Oscillant entre des grandes envolées de dialogues, séquences d'interpellations nerveuses, scènes de foule étouffantes et pics d'émotions, force est de constater que cette descente aux Enfers en décors arides, brassant les classes sociales et saisit par l'urgence, fait l'effet d'une chute au ralenti. On sent bien que l'espoir n'a pas lieu d'être dans ce film où la mort et la misère hantent tout le métrage. La mise en scène et la photographie sont glaçantes et constituent une sorte de tragédie où les joutes verbales prennent parfois le pas sur l'action. Mais ce n'est pas pour autant que ce n'est pas du grand cinéma, rivé sur des personnages denses, sans pitié, ni morale. Le réalisateur parvient à mettre en exergue une rivalité asymétrique, violente, psychologique entre deux hommes que tout oppose, se battant littéralement pour leurs vies, à l'instar des deux faces d'une même pièce : Payman Maadi et Navid Mohammadzadeh livrent des prestations bluffantes, totalement imprégnée par ce chaos qui les entoure. Au fur et à mesure que le film se déroule, les seconds rôles se dévoilent dans des montées d'émotions qui cognent et perturbent, tant le contexte leur parait proche. Enfin, les vingts dernières minutes propulsent le spectateur en dehors de sa zone de confort et permettent au jeune réalisateur d'alterner poésie imprévue, fatalité et élan de vie, noirceur et liberté. Ce n'est vraiment pas le genre de film avec lequel j'accroche en règle générale, que ce soit le film à procès ou de nationalité iranienne, mais j'ai été saisi par sa puissance, son authenticité et sa maitrise. À voir sans hésiter !