La promo française de ce polar iranien a allègrement mis en avant son adoubement par William Friedkin. Pour autant, ne vous attendez pas à du « Iranian Connection », où des poursuites endiablées se déroulent durant deux heures. Ici, Saeed Roustayi cherche à avant tout à dresser un portrait social de la consommation et la vente de crack en Iran. Ainsi, après un premier acte sur les nerfs où des policiers traquent et appréhendent un baron de la drogue, on aura le droit à une plongée dans l’univers carcéral et judiciaire local.
Le film se veut presque documentaire, avec caméra à l’épaule, plans serrés, et constat amer sur les ravages de la drogue. En effet, le crack brise en permanence des vies, qu’il s’agisse des junkies au fond du trou, des vendeurs arrêtés qui seront écrasés par un système judiciaire implacable jusqu’à en devenir absurde, ou des policiers qui y sacrifient leur mariage. Tout ceci sera évoqué dans un tourbillon qui happe le spectateur sans lui laisser de répit.
Outre cette vision sociale, l’originalité du film tient dans ses deux protagonistes. L’un est un policier intègre mais arriviste, et pour le moins expéditif, aux méthodes douteuses. Il incarne un système qui veut anéantir la drogue, sans comprendre que le problème ne sera pas résolu en tapant plus fort sur les miséreux. L’autre est un trafiquant qui certes se moque des conséquences de ses produits, mais veut avant tout mettre sa famille à l’abri du besoin. On échappe donc aux clichés du gros bonnet cruel et redoutable. Les portrait sont ici humains et authentiques, privilégiant l’émotion à l’enquête.