La Loi de Téhéran est un polar intense et nerveux qui frappe par l’ampleur de sa mise en scène et sa maitrise formelle. La virtuosité avec laquelle le réalisateur enchaine les séquences complexes et jongle avec une armée de figurants est assez bluffante. Peu de productions ont aujourd’hui une telle ambition (elle a même un peu déserté un cinéma américain accroc aux effets spéciaux). D’une course-poursuite haletante dans les rues de la ville et son dénouement choquant aux mouvements de foule impressionnants lors d’une descente de flics dans un terrain vague, en passant par les vas et vient d’un groupe de détenus hagards de plus en plus dense, Saeed Roustayi nous immerge dans un Téhéran bouillant et au bord du chaos.
Mais La Loi de Téhéran n’est pas qu’une démonstration technique, c’est aussi un scenario aussi limpide que déroutant, basé sur un constat récent mais méconnu, la prolifération et les ravages du crack en Iran dont la fabrication et le trafic sont désormais passibles de la peine de mort. Sa structure quant à elle surprend dans la mesure où le film opère un changement de point de vue inattendu à mi-parcours. L’enquête, au développement aussi tendu qu’haletant, laissera ainsi la place à une chronique sociale brossant un portrait édifiant de la société iranienne.
Naviguant avec talent entre polar et drame, La Loi de Téhéran est aussi impressionnant à l’image qu’accrocheur narrativement tout en faisant un état des lieux alarmant du pays.
Indéniablement l’un des films les plus marquants de cette année 2021.