"La loi du silence" ou "I confess" en VO est un film tourné par Hitchcock en 1953. Il succède à "l'inconnu du Nord Express" et précède "le crime était presque parfait" qui sont des films qu'on pourrait qualifier de majeurs eu égard à leur succès. "La loi du silence" est bien moins connu et pourtant il est fort intéressant.
Pour évoquer l'histoire sans la raconter, un jeune prêtre catholique à Québec reçoit en confession un homme, qu'il connait puisque c'est le sacristain de la même église, qui avoue avoir commis un meurtre. Mais l'enquête policière se dirige vers le prêtre qui s'interdit de dévoiler le secret de la confession et par là, se trouve incapable de se disculper.
Bien entendu, on est clairement dans un pur cas d'école judiciaire. Cette question du secret de la confession est assez incompréhensible pour qui n'est pas catholique. Comme les Etats-Unis sont majoritairement protestants, il est possible le film n'ait pas eu d'écho sur ce type de question entrainant un désintéressement des spectateurs.
Le casting est très bon avec un Montgomery Clift dans le rôle du prêtre qui finit par paraître ambivalent aux yeux de tout le monde, de la police comme de la machine judiciaire et surtout de la population. L'acteur montre une grande dignité dans son rôle qui l'oblige à se taire mais aussi une grande pureté morale intérieure qui se retournera contre lui du fait de l'ambivalence que voit le public ou la police . La caméra de Hitchcock est d'ailleurs assez explicite en appuyant par sa caméra le "chemin de croix" que subit le prêtre dans sa solitude alors que le spectateur sait qu'il est un faux coupable. Même une ancienne fiancée d'avant la guerre et d'avant son ordination tente d'apporter un alibi qui se transformera en charge accablante.
En 1956, Hitchcock récidivera avec "The Wrong Man" où Henry Fonda, dans un autre contexte, sera aussi victime d'une injustice et suivra aussi un parcours du même type en forme de descente aux enfers.
Karl Malden joue le rôle du flic qui mène l'enquête et qui ne fait pas dans la dentelle pour inculper le prêtre que tout accuse. C'est le flic carré, qui s'appuie impitoyablement sur les faits. Le prêtre ne parle pas ? Qu'à cela ne tienne, il va cuisiner l'ancienne fiancée qui va déballer sa vie privée pour rien.
Et cette ancienne fiancée, c'est une Anne Baxter excellente et émouvante qui joue le rôle d'une femme qui s'est mariée par dépit (plus de nouvelles de son fiancé parti sur le front) et qui est, au fond, restée toujours amoureuse du prêtre au risque de se compromettre elle-même mais surtout de compromettre le prêtre.
C'est un film intelligent, même si le sujet peut apparaitre un peu académique, qui en définitive oppose "justice humaine" et "justice divine". Pour s'en convaincre, il suffit de voir la foule haineuse et avide de vengeance qui attend le prêtre à la sortie du tribunal.
Comme souvent, Hitchcock met sous tension le film avec l'aide d'un efficace suspense et des acteurs très convaincants.