Sorti en France six ans après l'Italie, avec un titre surfant de manière opportune sur L'exorciste, alors qu'il n'y a rien de tel, c'est un film tout à fait étonnant.
Nous sommes bien dans les terres du Giallo, mais là où ça se passe d'habitude en milieu urbain et de nuit, Lucio Fulci prend tout le monde à contre-pied. Ici, l'action se déroule (quasi) uniquement de jour, au Sud de l'Italie, dans un tout petit village.
Depuis quelque temps, des petits garçons disparaissent, et il n'est pas possible de trouver un coupable, malgré l'intervention de la police. C'est alors que les villageois vont désigner ceux qu'ils pensent être le ou les assassins, mais les crimes perdurent...
Il est intéressant de constater que plus de quarante ans, le film garde un côté assez choquant, avec d'une part la mort d'enfants qui est parfaitement montrée (avec étranglements), et surtout une femme tabassée à mort, car elle est considérée à tort comme la meurtrière. Mais c'est aussi de manière implicite, avec une violente attaque contre l’Église, toute-puissante en Italie, et qui vaudra au film bien des soucis. Ce qui fait que La longue nuit de l'exorcisme est bien plus intéressant qu'il n'y parait ; l'impuissance de la police, la puissance du corps de la femme (en l'occurrence celui de Barbara Bouchet), l'injustice (celle de Florinda Bolkan), et ces garçons qui, s'ils se font tuer, restent tout de même au fond de sales gosses, voire des pervers pour certains d'entre eux.
Quant à la technique, il faut dire que c'est impressionnant, notamment ce long travelling latéral qui nous présente la contrée où se déroule l'histoire qui a l'air loin de tout, avec ce seul pont qui rejoint d'autres contrées, et une image superbe, ce soleil contrastant avec la violence des images.
C'est vraiment un excellent film, peut-être le meilleur que j'ai vu de Lucio Fulci, alors en pleine possession de ses moyens, et qui se révèle presque plus violent dans la charge que dans l'image.
D'ailleurs, c'était le film préféré de son réalisateur.