Au milieu des années 1980, alors que l'arrivée de Maradona dans le club de foot de Naples met la ville en émoi, un jeune homme d'une quinzaine d'années ne sait pas trop quoi faire de sa vie, jusqu'à ce qu'une tragédie familiale va le pousser à travailler dans le cinéma, en tant que réalisateur.
Pour ses cinquante ans, Paolo Sorrentino s'est sans nul doute attaqué à son film le plus personnel, car cette histoire citée plus haut est la sienne, à la base d'un drame, mais qui va devenir le formidable réalisateur que l'on connait. J'avais eu peur que la collaboration avec Netflix limite ses moyens, or il n'en est rien ; c'est du Sorrentino pur jus, qui parle en fond de l'Italie des années 1980, mais également d'une sublime famille, faite de haut et de bas, comme toutes les familles, mais dont l'amour était là, entre les parents, Fabio et son grand frère. C'est également ça qui est touchant dans le film, car quoi qu'il arrive, tous forment un bloc de ciment, dont la cassure à la moitié du récit provoque une émotion inattendue, et l'heure d'accomplir son destin pour chacun.
Dès le départ, avec ce sublime plan aérien partant de la mer pour aller sur les côtes de Naples, nous sommes au cinéma, mais aussi une manière de rembobiner le temps en revenant aux origines de Sorrentino, montré comme un adolescent frêle, avec ses écouteurs de Walkman constamment autour du cou mais qui rêve inévitablement d'un ailleurs, en direction de Rome, jusqu'à l'arrivée de Maradona, qu'on ne voit pas, mais dont l'absence joue néanmoins un rôle décisif.
Le père est incarné par l'acteur fétiche du réalisateur, Toni Servillo, montré lui aussi comme quelqu'un de très gentil, mais qui cache aussi sa part de secret, notamment une histoire avec une autre femme qui va provoquer auprès de son épouse et de son fils Fabio des crises d'angoisse qui font froid dans le dos. Car tel qu'elles sont filmées, c'est assister à une véritable horreur.
La main de Dieu ne peut que renvoyer à Fellini, qu'on aperçoit très vite lors d'un casting, car c'est l'Amarcord de Sorrentino ; un gamin qui rêve de Rome, des filles, et d'ailleurs. C'est dire la puissance du film dont je dois dire que l'émotion m'a terrassé à plusieurs reprises. Ici, la réalisation se veut plus sobre qu'à l'accoutumée, ce qui n'évite pas de superbes plans de la mer, mais qui n'en oublie pas de parler aux cœurs. La plus grande des qualités d'un grand réalisateur.